La déclaration de Philippe Juvin vient d’être confirmée par Roselyne Bachelot. Même s’ils ne sont que des estimations, ces chiffres semblent fondés… Au malheur de Nicolas Sarkozy qui qualifiait d’ »exceptionnels » les récents décès de patients survenus à l’hôpital public. Au malheur de ceux qui y croyaient… Au malheur des victimes…
Dans le JDD du 11 janvier, Philippe Juvin, chef du service des urgences de l’hôpital Beaujon à Paris et secrétaire national de l’UMP, déclarait que 10 000 décès survenaient dans les hôpitaux publics, du fait d’erreurs médicales, y ajoutant « 300.000 à 500.000 événements indésirables graves chaque année« . Vérification faite, ces chiffres, s’ils ne sont pas exhaustifs, sont bel et bien fondés.
L’enquête ENEIS de 2004
Une « enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins » (ENEIS) a été menée en 2004. Sur 8 754 séjours étudiés, regroupant 35 234 journées d’hospitalisation en médecine et en chirurgie, 450 évènements indésirables graves (EIG) étaient identifiés. Ramenés au nombre de jours d’hospitalisation annuels, on arrive à peu de choses près au même résultat. Mais concernant la mortalité, le rapport montre ses limites ; si 21 EIG étaient associés à des décès, seuls 8 étaient considérés comme évitables, et le document précise qu’aucune de ces erreurs n’était « directement et uniquement la cause » des décès. Le chiffre de « 10 000 » avancé par les pouvoirs publics ne prend pas en compte cette dernière remarque.
Rapport de l’Observatoire des risques médicaux
Pourtant, un rapport de l’Observatoire des risques médicaux portant sur l’année 2006 donne des chiffres sans commune mesure. Seuls 735 dossiers d’indemnisation d’une valeur supérieure ou égale à 15 000 euros ont été analysés par l’organisation. Sauf que ce rapport n’est pas réellement exhaustif. Il exclut quantité de cas, sans en chiffrer le nombre. De plus, sur la période de l’étude, les arrêtés officiels contraignant les différents acteurs de santé publique à fournir leurs données n’étaient pas encore pris. Enfin, les erreurs médicales ne sont pas systématiquement suivies de demandes d’indemnisation.
10 000 décès par an, soit 27 par jour
Un point sur lequel Philippe Juvin et Nicolas Sarkozy sont d’accord, c’est que l’hôpital public ne manque pas de moyens, il s’agirait simplement d’un problème d’organisation. Sauf que le problème n’est pas récent, et que si autant de décès évitables ont bien lieu chaque année pour des problèmes d’organisation, depuis des années voire des décennies… on friserait alors le scandale d’État. Ces chiffres ne manquent pas d’étonner… jusqu’au président de la République, qui déclarait vendredi dernier que « les drames récents sont exceptionnels et ne sauraient remettre en cause la confiance que la nation porte à l’hôpital et à ses personnels« . Et s’ils ne sont plus exceptionnels… la confiance de la nation devrait être remise en cause ?
Bonne année 2009, mais surtout, bonne santé !