Vendredi matin, Henri Guaino était l’invité de Nicolas Demorand sur France Inter. Manifestement ému par la disparition de Philippe Séguin, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a lâché deux petites perles d’une rare intensité. En résumé : la République est un repaire de sagouins opportunistes avides de pouvoir.
Dans un hommage appuyé à Philippe Séguin, Henri Guaino s’est un peu emballé. « Au fond, la classe politique n’est pas organisée, n’est pas construite, aujourd’hui en tout cas, pour porter des convictions [ou] pour porter des valeurs. Elle est organisée pour conquérir et pour gérer le pouvoir. Voilà. » a déclaré celui qui avait un jour taxé le parlement de simple « lobby ». Un peu plus loin, toujours au sujet de Philippe Séguin, le rédacteur en chef des discours de Nicolas Sarkozy confirme : « Vous savez, c’est très déstabilisant pour un système, quelqu’un qui fait passer ses convictions avant sa carrière, dans un système où l’on fait toujours passer sa carrière avant les convictions. » Des noms, des noms !
– « Maman, il dit quoi le monsieur ? »
– « C’est pas un monsieur, c’est une marionnette. Ça s’appelle les Guignols de l’info. »
– « Mais naaan, Maman, c’est France Inter, c’est du sérieux, du béton. C’est la chaîne de Philippe Val, tout de même… »
Nicolas Demorand n’en croit pas ses oreilles. Il rebondit, intrigué : « On vous sent très ému ce matin, et désenchanté – avec un point d’interrogation – parce que le portrait que vous faites de Philippe Séguin est également une critique extrêmement dure de la politique telle qu’elle se fait aujourd’hui et telle que vous y participez au plus haut sommet de l’Etat. Non ? » Cette question-électrochoc aura visiblement réveillé notre romantique. Henri Guaino se reprend dare-dare et sans ambiguïté : il ne fait pas partie du « système » qu’il vient de décrire, et question morale, il se situe incontestablement dans la lignée de son mentor, Philippe Séguin. La confession matinale n’ira pas plus loin, donc.
« L’enfer, c’est les autres » dit-on. A 290 000 euros annuels (selon le Canard Enchaîné), on comprend que l’enfer vaut bien une messe…
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