«Quand les hommes ne peuvent changer les choses, ils changent les mots» (Jean Jaurès)
Une première... L'association Médecins du Monde a été assignée en justice par l'État français au motif de l'occupation illégale d'un terrain public. Dans l'urgence, l'organisation avait installé ses tentes sur une friche pour venir en aide à des Roms, victimes d'un incendie qui a coûté la vie d'un enfant. Le 23 mai dernier, à Bobigny (Seine-Saint-Denis), un campement de Roms était détruit par un incendie. Un enfant de dix ans y a laissé sa vie, brûlé vif. Dans ce genre de situation, l’Etat met immédiatement les victimes à l'abri et les assiste d'une cellule psychologique. Mais cette fois-ci, moins de 48h après le drame, le préfet a ordonné leur expulsion du gymnase que la Ville de Bobigny avait réquisitionné en urgence. Les forces de l’ordre les ont ensuite empêchés de s’installer sur des terrains dans les Hauts-de-Seine. Médecins du Monde (MDM), qui s'occupait déjà du suivi médical de certains de ces Roms, a alerté les pouvoirs publics. Face à l'urgence sanitaire et n'ayant aucune autre solution d'hébergement, l'ONG a pioché dans sa réserve de tentes destinée au Kosovo et au Darfour pour installer le 26 mai un camp de fortune à Saint-Denis et loger temporairement les 116 "déplacés européens", dont 41 enfants et 5 femmes enceintes. En attentant mieux.. Le sommeur assommé Le lendemain, MDM et la mairie de Saint-Denis ont conjointement demandé à la préfecture "la fin des expulsions sans solutions de relogement", tout en proposant une discussion plus vaste sur le sujet. La réponse fut immédiate : c'est Médecins du Monde qui s'est trouvé assigné en référé pour occupation illégale d'un terrain de l'État ! Lundi 6 juillet, l'ONG s'est donc rendue à la convocation du tribunal de Grande Instance de Bobigny, qui a mis sa décision en délibéré au lundi 20 juillet 2009. "Stratégies d'intimidation" "Face à la mise en danger des personnes, face à la demande d'une Table Ronde, la seule réponse de l'Etat est une assignation en justice" a déclaré MGM dans un communiqué. Le Secours catholique et la Fondation Abbé Pierre ont dénoncé les "politiques uniquement répressives" vis à vis de ces populations "fragiles" et les "stratégies d'intimidation" visant ceux qui les aident. Un trentaine d'autres associations, dont la Ligue des Droits de l'Homme, RESF, la CIMADE, le syndicat de la magistrature et le GISTI, se sont déclarées "solidaires" avec MDM dans un communiqué. L'assistance à personnes traumatisées : nouveau délit de solidarité ? Depuis le 15 juin, Médecins du Monde a mis en ligne un blog dédié : "Rroms - carnet de bord d'un camp de déplacés" (Article publié sur le site "Les mots ont un sens")
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