Le mini-traité européen simplificatif et modificatif – aussi appelé Traité de Lisbonne – est-il différent de feu le Traité de constitution européen – aussi appelé TCE ? Voici ce qu’en pensent nos élites. Pour information, les personnes citées ci-dessous sont toutes favorables au traité, je précise…
Première publication le 28/12/2007. Mise à jour le 23/01/2008.
Valery Giscard d’Estaing, ancien président français et ancien président de la Convention de Traité constitutionnel européen
Sur son blog, mais aussi dans le Monde du 26 Octobre 2007 : « Dans le traité de Lisbonne, rédigé exclusivement à partir du projet de traité constitutionnel, les outils sont exactement les mêmes. Seul l’ordre a été changé dans la boîte à outils. La boîte, elle-même, a été redécorée, en utilisant un modèle ancien qui comporte trois casiers dans lesquels il faut fouiller pour trouver ce que l’on cherche. »
« Il est illisible pour les citoyens, qui doivent constamment se reporter aux textes des traités de Rome et de Maastricht, auxquels s’appliquent ces amendements. »
« La charte des droits fondamentaux – sorte de version améliorée et actualisée de la charte des droits de l’homme – est retirée du projet, et fera l’objet d’un texte séparé, ce qui permettra à la Grande-Bretagne de ne pas être liée par elle. »
« On est évidemment loin de la simplification. Il suffit de consulter les tables des matières des trois traités pour le mesurer ! Quel est l’intérêt de cette subtile manœuvre ? D’abord et avant tout d’échapper à la contrainte du recours au référendum, grâce à la dispersion des articles, et au renoncement au vocabulaire constitutionnel. »
Peut-on faire plus clair ? Tout est pareil, rien n’est « simplifié », à part peut-être un recul sur les droits de l’homme, simplement redécoré et complètement illisible pour le peuple.
Jean-Luc Dehaene, ancien premier ministre belge, anciennement vice-président de la Convention du Traité constitutionnel européen
Avant le vote au référendum, il déclarait : « Si le résultat est non, il faudra revoter, car il faut absolument que ce soit oui ».
Après la signature du traité de Lisbonne, il déclare sur la RTBF : « Il ne faut pas parler de mini-traité. C’est juste un terme inventé par Sarkozy pour des raisons de politique intérieure. Mais ce traité contient en fait 90% de ce qu’il y avait dans le traité constitutionnel, voire même plus. En fait, la principale différence, c’est que le traité constitutionnel était quelque chose de lisible, alors que là on arrive aux mêmes résultats en faisant des amendements aux traités existants, ce qui donne un texte totalement illisible pour les citoyens. Mais fondamentalement, c’est la même chose. »
« Illisible pour les citoyens ». Donc embrouiller le peuple… pour mieux l’enfumer ?
Jean-Louis Bourlanges, député européen (UDF Sarkozyzé) :
Sur France Culture, 24 juin 2007 : « Les éléments symboliques ont été retirés … et ce qui a réellement de l’importance est resté. »
Dans LeFigaro.fr, le 15 décembre 2007 : « Le traité constitutionnel était à bien des égards plus explicite que celui qui vient d’être signé à Lisbonne. Il appelait un chat un chat et une directive une loi. Aujourd’hui, on en revient au clair-obscur des traités antérieurs (…) Si je percevais le nouveau traité comme un bouleversement, je serais favorable au référendum. Je le crois toutefois trop marginal pour mériter de déranger le peuple. »
Bourlanges ne veut pas « déranger » le peuple, ce traité n’est pas assez important pour nous déranger, c’est tellement chou…
Jose Luis Zapatero, Premier Ministre du Royaume d’Espagne
Discours du 27 juin 2007 : « Nous n’avons pas abandonné un seul point essentiel de la Constitution… C’est sans aucun doute bien plus qu’un traité. C’est un projet de caractère fondateur, un traité pour une nouvelle Europe »
Ah… visiblement, Zapatero n’a pas lu la même version que Bourlanges…
Vaclav Klaus, Président de la République Tchèque
The Guardian, 13 juin 2007 : « Seuls des changements cosmétiques ont été opérés et le document de base reste le même »
Astrid Thors, Ministre des Affaires européennes de la République de Finlande
TV-Nytt, 23 juin 2007 : « Il n’y a rien du paquet institutionnel originel qui ait été changé »
Giuliano Amato, ancien Président du Conseil Italien, ancien vice-président de la Convention sur l’Avenir de l’Europe
Réunion du Center for European Reform, 12 juillet 2007 : « Ils ont décidé que le document devrait être illisible. S’il est illisible, c’est qu’il n’est pas constitutionnel ; c’était là l’idée… Si vous parvenez à comprendre le texte au premier abord c’est qu’il peut y avoir matière à référendum, parce que cela signifierait qu’il y a quelque chose de nouveau »
Karel de Gucht, Ministre belge des Affaires étrangères
Flandreinfo, 23 juin 2007 : « Le but du Traité Constitutionnel était d’être plus lisible… Le but de ce traité est d’être illisible…La constitution voulait être claire alors que ce traité devait être obscur. C’est un succès ».
Jean Claude Juncker, Premier Ministre du GD de Luxembourg
Telegraph, 3 Juillet 2007 : « Bien entendu, il y aura des transfert de souveraineté. Mais serais-je intelligent d’attirer l’attention du public sur ce fait ? »
Alors quand Kissinger demandait : « Quel est le numéro de téléphone de l’Europe ? ». On aurait pu lui répondre : appelle le 18 mon pote, ils sont devenus fous… Et dire que la constitution de 1793 précisait dans son article 27 : « Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l’instant mis à mort par les hommes libres ». Reste à trouver les hommes libres…
Ajout du 23/01/2008 :
Nicolas Sarkozy, actuel président de la république française.
Convention nationale de l’UMP, le 9 mai 2004 : « A chaque grande étape de l’intégration Européenne il faut donc solliciter l’avis du peuple. Sinon, nous nous couperons du peuple (…) Je le dis comme je le pense, simplement. Je ne vois pas comment il serait possible de dire aux Français que la Constitution Européenne est un acte majeur et d’en tirer la conséquence qu’elle doit être adoptée entre parlementaires, sans que l’on prenne la peine de solliciter directement l’avis des Français (…) Je crains dans ce cas (vote parlementaire) une réaction d’incompréhension sévère de nos compatriotes. »
Sans commentaire…