Romain Dunand condamné, Sarkozy court toujours  - Affaire Injustice Justice Nicolas Sarkozy Romain Dunand
| 15/02/2008

Romain Dunand condamné, Sarkozy court toujours

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Justice a été rendue. La condamnation est sévère : 800 euros ! Contestant violemment la mise en garde à vue d’un instituteur qui s’était opposé à l’expulsion d’un parent d’élève, Romain Dunand a écrit un mail au ministre de l’Intérieur, dans lequel il écrit : «Voilà donc Vichy qui revient: Pétain avait donc oublié ses chiens !».

L’intégralité du mail est disponible ici.

La 10e chambre correctionnelle a donc reconnu Romain Dunand coupable d’outrage à personne dépositaire d’une autorité publique et l’a condamné à 800 euros d’amende ainsi qu’à un euro de dommages et intérêts à verser à Nicolas Sarkozy, qui s’était constitué partie civile. Le parquet avait requis une amende de 750 euros. Nicolas Sarkozy, partie civile… et quelle partie ! Nicolas Sarkozy est partie civile dans l’affaire Clearstream contre Villepin. Nicolas Sarkozy, partie civile contre Ryanair. Nicolas Sarkozy, partie civile contre le site Internet du Nouvel Obs. Nicolas Sarkozy est partout, tout le temps, partie civile, parlant si vite…

C’est acté, comparer un régime politique au régime de «Vichy» constitue un outrage. Le faire dans un mail, par définition faisant partie du domaine de la vie privée, n’y change rien. Et pourtant…

Jeudi 30 Août 2007, devant une assemblée rieuse du MEDEF, Nicolas Sarkozy, fier comme un coq, annonçait joyeusement «à quoi sert-il d’expliquer à nos enfants que Vichy et la collaboration, c’est une page sombre de notre histoire, et de tolérer des contrôles fiscaux ou des enquêtes sur dénonciation anonyme ? Ce n’est pas la République, cela». Les drilles du MEDEF, les micros, les caméras, il ne s’agit plus de la sphère privée, mais bien de déclarations publiques ! Et si le courriel de Romain est qualifié d’«outrage», alors mécaniquement, le discours de Sarkozy est, lui, qualifiable d’«injure publique» envers les fonctionnaires du FISC ! Au regard de la loi, mais la loi, maintenant… c’est Lui ! Et Sarkozy court toujours…

Outrage : «Offense très grave, insulte»…

Françoise de Panafieu n’a-t-elle pas parlé de Bertrand Delanoë en ces termes «Regardez-le… quel tocard!» ? Une insulte, non… C’est gentillounet, «tocard» !

Patrick Devedjian n’a-t-il pas traité Anne-Marie Comparini de «salope» ? C’est amical, un brin taquin… Et puis après tout, «il s’est excusé» comme disait Sarkozy.

Et puis finalement, Sarkozy n’a-t-il pas traité les français de «cons»… ? Mais ça, c’est de la vie privée…

Les mots perdent leur sens, et le dictionnaire ne suffira pas à les retrouver…