Gaza : des certitudes, du plomb, et des doutes...  - Cour pénale Internationale Crimes de guerre Gaza Guerres Israël
| 05/01/2009

Gaza : des certitudes, du plomb, et des doutes…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

« Plomb durci »… dans l’aile. À quelques semaines des législatives, le pouvoir israélien a décidé de lancer une opération militaire massive dans la Bande de Gaza. Les objectifs sont flous, mais au gré des déclarations israéliennes, il s’agit d’affaiblir, de détruire ou d’éliminer le Hamas de la carte politique. Environ 20% de la population gazaouie, tout un programme…

Du côté du gouvernement israélien, on affiche des certitudes. Ehud Barak, ministre israélien de la Défense, a annoncé que l’opération était d’ores et déjà un succès, ayant « porté un très rude coup au Hamas« , mais qu’il fallait continuer. Tzipi Livni a déclaré, lors de son déplacement à Paris, qu’il n’y avait « pas de crise humanitaire à Gaza« . La situation humanitaire à Gaza ne pose aucun problème, elle est « comme elle doit être« , selon la ministre israélienne des Affaires étrangères. Sarkozy et Kouchner n’y ont rien trouvé à redire. Plus de 500 morts en une semaine, des militants armés et des civils. Pour éliminer le Hamas, Israël a déclenché des frappes ciblées, comme le prouvent des vidéos de l’armée israéliennes mises en ligne sur Internet, et aucune crise humanitaire ne sévit, tel est donc le discours officiel. Il n’est guère possible d’en savoir plus, vu que les journalistes sont interdits.

Quels objectifs ?

Sauf que… si en France, on ne se soucie guère du manque d’informations « objectives », aux Etats-Unis, le doute s’immisce dans les rédactions. Car les images rapportées par la télévision du Hamas sont sans ambigüité : les destructions sont massives et ciblent autant les populations que les milices du Hamas. D’autant que les analystes américains sont sceptiques sur les buts recherchés. Éliminer le Hamas ? Cela reviendrait à supprimer 20% de la population de la Bande de Gaza, selon un spécialiste des relations internationales, qui ne va pas jusqu’à qualifier explicitement ce genre d’action… Simplement l’affaiblir ? Qui peut encore y croire une seule seconde ? La guerre du Liban de 2006 a-t-elle affaibli le Hezbollah ? Non, au contraire.

De plus, cette opération rompt les négociations bien engagées avec la Syrie, selon Steven Cook (atimes.com), spécialiste du Council on Foreign Relations. Elle « fournit l’occasion aux Iraniens de renforcer leur position » a-t-il déclaré. Et la violence de l’attaque « va engendrer une situation encore pire » selon Aaron Miller, ancien négociateur américain au Moyen Orient. Le Hamas se frotte les mains aussi, qui, à chaque attaque, voit sa légitimité renforcée au sein de la population. « A très court terme, il n’y a pas grand-chose à faire, mais [le Proche-Orient] devra être prioritaire dans l’agenda du président [Obama] lorsqu’il entrera en fonctions » conclut Steven Cook.

« Pas de crise humanitaire à Gaza« , ou pas

Concernant la crise humanitaire, sept des douze lignes électriques ont été endommagées par les bombardements, selon Gisha, une organisation israélienne de défense de la liberté de mouvement. Et les trois quarts de l’alimentation électrique du territoire aurait été coupés lors des bombardements. « Plus de 500 000 personnes n’ont pas accès à l’eau courante, les égouts se répandent dans les rues, il n’y a pas eu de livraisons de fioul depuis le 27 décembre, tout le système d’approvisionnement (eau, électricité, égouts) est sur le point de s’effondrer » ajoute l’ONG. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’est déclaré dimanche « inquiet » de la hausse du nombre de victimes civiles et des dégâts infligés aux hôpitaux. De plus, selon le Times, Israël utiliserait des bombes au phosphore pour couvrir l’assaut de ses soldats, bien qu’interdites par le traité de Genève de 1980.

L’Office de coordination pour les affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) annonce que 40 millions de litres d’eaux usées ont été rejetés à la mer, les usines de retraitements étant hors service. Le fioul et le gaz sont introuvables, de même que certaines denrées alimentaires, comme la farine. 48 des 130 puits ne fonctionnent pas en raison du manque d’électricité et des tuyaux crevés. Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU estime que 80% de la population dépend désormais de l’aide alimentaire, chiffre qui s’accroît en permanence. « Les hôpitaux de la ville de Gaza n’ont plus d’électricité depuis 48 heures« , fonctionnant uniquement grâce à des générateurs, indique OCHA. Les ambulances ne peuvent plus se déplacer, en raison de l’intensité des frappes.

Et si les convois humanitaires sont bloqués depuis le début de l’invasion terrestre, c’est certainement, comme l’affirme Tzipi Livni, qu’il n’y a « pas de crise humanitaire à Gaza« … En attendant, selon 20minutes.fr, l’opération militaire aurait déjà permis à la coalition au pouvoir, composée du parti centriste Kadima et des Travaillistes, de reprendre la main dans les sondages face au Likoud de Benjamin Netanyahou. Quand le hasard fait bien les choses…

 

carte palestine depuis 1946
Carte du territoire palestinien depuis 1946…