L’Irlande, l’Espagne et la Grande-Bretagne s’enfoncent dans la crise. Les déficits explosent. Le G20 n’apporte que des réponses d’urgence, pour pallier à d’éventuelles défaillances d’Etats. La tension sociale monte tous les jours un peu plus… 45% des Français jugent maintenant « acceptable » la séquestration des patrons !
L’Irlande et l’Espagne happées par la crise
Vendredi, quelques heures avant l’ouverture du G20, la Banque d’Espagne a annoncé une prévision de déficit public de l’ordre de 8,3% du PIB pour 2009 et de 8,7% en 2010. La même institution a par la même occasion estimé que la récession atteindrait les -3% en 2009, pour se recaler sur un « petit » recul de 1% dès 2010. Le chômage frôlerait alors les 20%. L’Irlande ne va pas mieux. Ce même vendredi, Jean Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, a qualifié la situation économique du pays de « grave ». La Banque centrale d’Irlande venait d’annoncer une prévision de récession de l’ordre de 7% en 2009 et de 3% en 2010. Ces chiffres seront certainement encore révisés à la baisse. « Une crise sans précédent », selon la Banque centrale irlandaise. L’Irlande a d’ailleurs vu, lundi 29 mars, sa note de dette souveraine à long terme dégradée de « AAA » à « AA+ » par l’agence de notation financière Standard & Poor’s.
L’OCDE dans tous ses États
Samedi, au lendemain de l’accord du G20, c’était au tour de la Grande Bretagne. Le ministre des Finances Alistair Darling a déclaré que « la récession en Grande Bretagne était pire que ce à quoi le gouvernement s’attendait ». Attendue d’abord à la mi-2009, la reprise n’interviendra qu’à la fin de l’année 2010, selon le gouvernement. Pour la France, l’OCDE prévoit une récession de 3,3% en 2009 et un déficit public de plus de 8% du PIB en 2010. Partout dans le monde, la croissance s’effondre, l’activité se raréfie, l’emploi se désagrège. L’OCDE prévoit une aggravation de la crise durant l’année, provoquant une contraction de l’activité comprise en 4 et 7% dans ses pays membres.
Et le pire reste à venir : le business des LBO tient encore, même si les premiers signes de faiblesse se font sentir. La bulle des CDS/CDO évaluée à 68.000 milliards de dollars, mille fois plus grosse que celle subprimes, menace de lâcher à tout moment, violemment. L’Economie des pays d’Europe de l’Est tangue, et cette « Europe des Subprimes » menace les banques de l’Union Européenne, à hauteur de 1600 milliards de dollars.
Le G20 anticipe la pluie, mais la tempête a déjà commencé
La lutte contre les paradis fiscaux ? Une avancée… bien timide. Ni Macao ni Hong Kong, ni les Etats américains (Delaware notamment) pratiquant le dumping fiscal et le secret bancaire n’apparaissent dans les listes de l’OCDE. Ils font pourtant partie des paradis fiscaux les plus actifs de la planète. Les mesures anti-crise ? On prend les mêmes, et on recommence… plus vite, plus fort. Le FMI est renfloué et renforcé, dans l’objectif de pallier aux défaillances des Etats. Pour le reste, beaucoup d’annonces mais très peu d’actes.
Obama crée des sociétés écran
Les Subprimes, les Hedge Funds ? Toujours pas interdits. L’administration américaine aide d’ailleurs les ultra-spéculateurs défaillants pour qu’ils participent in fine au rachat des actifs toxiques, qu’ils ont créé… Ça ne s’invente pas. Autre anecdote croustillante, rapportée par le Washington Post et relatée par Bakchich : alors que le G20 trinquait à la santé du capitalisme enfin moralisé, à Washington, deux jours après la fin du sommet, la Maison-Blanche prenait l’initiative de créer des sociétés écran pour contourner les règles votées par le Congrès imposant des restrictions aux entreprises subventionnées par le gouvernement fédéral.
La séquestration des patrons jugée « acceptable »
Un peu partout, la tension monte. Les manifestations deviennent violentes, les gouvernements chancellent. Les patrons se font séquestrer. Deux sondages aussi étonnants l’un que l’autre ont été publiés, lundi et mardi, en France : le premier commandité par 20 minutes et France Info et réalisé par Infraforces montre que 89% des salariés français trouvent leurs conditions de travail « bonnes », bien que 25% ont peur de perdre leur emploi. Le second, un sondage CSA / Le Parisien, conclut que 45% des Français jugeraient « acceptable » la séquestration des patrons… cherchez l’erreur.