Aux Etats-Unis, jeudi, deux juges d’un tribunal pour enfants de Pennsylvanie ont décidé de plaider coupables dans un procès où ils sont accusés d’avoir touché 2,6 millions de dollars de pots de vin. En échange de condamnations excessives, les centres de détention les gratifiaient de primes « exceptionnelles ».
Il ne s’agit pas de vampires de Transylvanie, mais de deux juges de Pennsylvanie, aux Etats-Unis. Jeudi, Mark Ciavarella et Michael Cohahan ont décidé de plaider coupables dans une affaire des plus lugubres. Ils sont en effet accusés d’avoir touché plus de 2,6 millions de dollars en provenance d’un centre privé de détention pour jeunes délinquants. Les deux juges, qui officiaient dans le comté de Luzerne, ont admis avoir condamné entre 2002 et 2006 des centaines d’enfants et d’adolescents à des peines excessives en échange de pots de vin.
My prosecutor is rich
Lorsqu’un jeune était envoyé au centre de détention, les deux entreprises (PA Childcare et Western PA Childcare) qui géraient l’établissement touchaient des fonds publics pour la couverture des frais d’incarcération. Plus nombreuses et plus longues étaient les condamnations, plus le chiffre d’affaire des entreprises grimpait… et plus les commissions versées au juges étaient élevées.
Condamner plus pour gagner plus
Durant des années, les groupes de défense se sont plaint en vain que Mark Ciavarella, qui présidait un tribunal pour mineurs, était trop sévère et foulait au pied les droits constitutionnels des enfants. Le juge envoyait un quart de ses condamnés dans des centres de détention, à comparer au taux moyen de l’Etat qui est d’un sur 10. Inutile de dire que les procédures étaient bouclées en des temps record. Beep-beep.
Des condamnations abusives, des vies brisées
Ainsi, de nombreux jeunes se voyaient condamner même lorsque l’infraction ne nécessitait pas d’internement. Un adolescent de 17 ans a par exemple passé 3 mois en détention parce qu’il se trouvait en compagnie d’un autre mineur coupable de vol à l’étalage. Un autre de 18 ans a été condamné à la même sanction pour avoir bousculé un camarade de classe qui s’est ouvert le cuir chevelu sur une armoire. Troubles psychologiques, interruption des études, désociabilisation… les exemples de descente aux enfers suite à ces incarcérations sont légions.
A ce petit jeu, ce sont entre 1000 et 2000 jeunes qui ont été condamnés abusivement. Les deux juges gagnaient environ 157.000 $ par an. Ils ont été relevés de leur fonction et plusieurs centaines de familles ont intenté des recours en justice, sous forme de class actions.
Toujours plus haut, toujours plus fort…