42, 18 ou 12… voix d’avance. Du grand n’importe quoi qui ne fait plus rire grand monde, car si le décompte n’est pas définitif, la fracture l’est. Les déclarations qui ont suivi l’officialisation des résultats resteront dans les annales du PS. Le parti sombre et la gauche modérée française se noie. Vite… un Grenelle du parti socialiste !
42 voix d’avance pour Martine Aubry annonçait-on jusqu’à samedi 18h. Correction faite d’erreurs de saisie en Moselle et à la Réunion, il n’en resterait plus que 12… sur 137 000 personnes qui se sont déplacées, parmi les 233 000 votants potentiels. Des chiffres aussi étonnants les uns que les autres, car sur les 233 000 « votants potentiels », selon Stéphane Le Foll à la sortie d’une réunions du Bureau national du PS le 30 octobre, seuls 168 000 sont à jour de cotisation. Les statuts du parti considèrent en effet qu’un militant qui n’a pas payé sa cotisation reste tout de même adhérent pendant deux ans, et il conserve son droit de vote moyennant paiement le jour même du scrutin. Simple, non ? Et s’il faut éplucher le dossier de chaque votant pour vérifier la légitimité de son vote, le premier secrétaire risque de ne pas être désigné avant mai 2012…
La nomination du premier secrétaire, et donc les résultats définitifs, devraient être actés dans la semaine par les instances du PS. Si cette élection est validée…
Mais d’ores et déjà, les déclarations sont explosives. Pour Manuel Valls, interviewé sur RTL, et soutien de poids de Ségolène Royal, « il faut organiser un deuxième vote dans la plus grande transparence« , mettant donc ouvertement en doute l’honnêteté de cette élection. Sur France 2, un peu plus tard, il enfonce le clou et annonce la volonté de Royal d’utiliser « tous les moyens politiques, juridiques et judiciaires » pour que les résultats actuels ne soient pas validés. Même son de cloche du côté de Jean-Pierre Mignard, avocat de Royal, qui déclare que la « seule proposition digne et acceptable » serait un nouveau vote. Julien Dray ajoute que pour son camp, « Martine Aubry n’a pas gagné« . et Ségolène Royal déclare elle-même : « Je ne vais pas me laisser faire« , dénonçant une « atteinte au code de l’honneur » et des méthodes « totalement insupportables« , « je serai premier secrétaire » a-t-elle aussi annoncé.
« C’est un scrutin serré, mais c’est un scrutin démocratique » selon François Lamy qui reprend le refrain des proches d’Aubry sur la validité des principes démocratiques. La candidate en « appelle à la responsabilité de chacun« , annonçant vouloir être la « première secrétaire de tous les socialistes » et rejetant d’un revers de la main la proposition d’un nouveau vote. Pierre Moscovici, soutien de Bertrand Delanoë, déplore sur son blog une élection catastrophique qui laisse le parti « plus uniquement fragmenté« , « pas seulement divisé« , mais bien « écartelé« .
Du côté de l’UMP, on raille « le talent d’autodestruction du PS » et « une démonstration d’un art consommé de la volonté de disparaître« .
Anecdote parmi d’autres… Gisèle Halimi, ancienne députée, et militante féministe notoire, prise au piège sur Europe 1. Invitée au micro de « Faites comme chez vous« , se croyant hors-antenne, elle déclare… « Ségolène Royal, très vite, je n’en ai plus voulu, c’était pas possible, elle était nulle« …
L’avenir s’annonce sombre pour le PS. Si l’élection est contestée en justice, l’affaire risque de durer plusieurs mois, pour ne pas dire plusieurs années. Autant de temps perdu pour la cause politique, et il ne resterait plus aux socialistes souhaitant se faire entendre au niveau national qu’à s’éxiler dans une autre formation. Quoi qu’il en soit, le parti est bel et bien coupé (au moins) en deux, et qu’il explose ou pas n’y changera rien. La gauche modérée restera un bon moment enfermée dans son combat interne, à moins que certains ne se retirent délibéremment et « définitivement de la vie politique« . Les gagnants ? UMP et MODEM en premier lieu, mais aussi le PC, le NPA, Les Verts… Et du côté des perdants ? Les tenants de la gauche modérée, et la démocratie, un peu, aussi…
Quoi qu’au PS, on ne peut jamais jurer de rien !
