Entre bonus et dividendes : la belle affaire des banquiers...  - Banques Bourse Capitalisme Chômage Dividendes Économie Nicolas Sarkozy
| 27/01/2009

Entre bonus et dividendes : la belle affaire des banquiers…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Les banquiers remisent leurs petits bonus de fin d’année à plus tard. L’affaire d’une quinzaine de millions d’euros et une semaine en première partie des JT. Vers un capitalisme moral ? Mais qu’en sera-t-il des milliards de dividendes, du chômage partiel ou des délocalisations financés par les deniers publics ?

En pleine crise, les banquiers barbotant au beau milieu de la fontaine de jouvence sculptée à coups de dizaines de milliards d’argent public, et qui s’offrent des millions de bonus… voilà une image qui n’aurait pas manqué de défrayer la chronique. Il fallait donc agir, et vite. Sur demande expresse de l’Elysée, les banquiers en chef ont dû renoncer à leur pactole en échange d’un second plan d’aide aux banques. Et l’affaire a fait grand bruit dès son commencement. Pendant une semaine, les JT ont narré dans les moindres détails l’épopée de Nicolas Sarkozy, Monsieur Courage, qui a finalement vaincu les méchants patrons. Hourra… À vue de nez, une quinzaine de millions d’euros ont ainsi été « sauvés ».

Abracadabrantesque

Parmi les banques qui ont promis de rejeter les bonus de leurs patrons, le Crédit Agricole. Etonnant, car deux jours après, on apprenait que la banque n’avait aucunement l’intention de souscrire au second plan d’aides. Quel intérêt peut donc avoir la banque de limiter les bonus de ses patrons, en échange d’un plan d’aide dont elle n’a pas besoin ? Mystère, dont l’explication ne devrait toutefois pas tarder à venir…

Les dividendes avant la tempête

De plus, les banques vont presque toutes dégager de confortables bénéfices pour l’année 2008, et les dividendes devraient suivre. Selon les estimations, entre 5 et 15 milliards d’euros devraient être dégagés plutôt que de venir augmenter les fonds propres… ceux que l’Etat s’escrime à renflouer à grands coups de dizaines de milliards. Alors comment justifier que les bénéfices des banques aillent cliqueter dans les poches des actionnaires pendant que l’Etat joue du carnet de chèques ? Mystère… qui ne sera, celui-ci, pas expliqué de sitôt, tant il parait insondable.

Pour l’exemple, BNP Paribas a annoncé hier que son bénéfice net 2008 serait d’environ 3 milliards d’euros, malgré une perte probable de 1,4 milliards pour le dernier trimestre. Et…  surprise ! Dans la foulée, la direction a fait savoir qu’elle verserait bien des dividendes, dont le montant reste à définir. L’action a pris +17% dans la journée. Chapeau ! Donc, nouvelle question : le dernier trimestre fut catastrophique, et l’année 2009 s’annonce pire encore. Alors comment justifier que l’on distribue aujourd’hui des dividendes alors que des pertes colossales pour 2009 sont déjà prévues ?

Renault et EADS s’envoient en l’air

Comment justifier, de la même façon, que l’on annonce entre 5 et 10 milliards d’aides pour les groupes de l’industrie automobile, pendant que ceux-ci annoncent de nouveaux débrayages qui déboucheront sur des licenciements massifs, tout en continuant de produire à toute vapeur dans les pays d’Europe de l’Est ? Ou encore un soutien financier à EADS, alors que le groupe est en train de licencier à tout va pour délocaliser en zone dollar… Ne serait-ce pas une aide aux plans de licenciements ? Sans compter que toutes ces entreprises devraient aussi, dégager quelques petits milliards de dividendes…

Mais enfin, les banquiers ont renoncé à leurs bonus… C’est bien le principal !(?)