Forêts : puits de carbone salvateurs ou bombes à retardement climatiques ?  - Amazonie Australie Changement climatique Climat Forêts Recherche scientifique Science
| 20/10/2025

Forêts : puits de carbone salvateurs ou bombes à retardement climatiques ?

Image d’illustration © justusmenke|Unsplash|Unsplash

Les forêts réagissent de façon étonnante au changement climatique. D’un côté, l’Amazonie accélère et ses arbres grossissent à une vitesse record. De l’autre, la forêt tropicale australienne flanche et devient émettrice nette de CO₂. Il va falloir se mettre d’accord !

Deux forêts, deux destins

En Amazonie, les arbres gonflent

Dans la drue forêt sud-américaine (nature.com), les grands arbres profitent pour l’instant de la hausse du CO₂ dans l’atmosphère. Leur croissance s’accélère, et ils stockent toujours plus de carbone. Sur trente ans, la section des troncs a augmenté de 3,3 % par décennie, surtout chez les plus gros spécimens. Bien plus qu’attendu. Bonne nouvelle ? Oui, mais… uniquement dans les zones intactes, épargnées par la déforestation. Car dès que l’homme s’en mêle (routes, agriculture, coupes), la machine se dérègle : ces forêts balafrées deviennent alors émettrices nettes de CO₂, perdant leur rôle de « poumon vert ».

En Australie, la forêt craque

À l’opposé, la forêt tropicale du Queensland (nature.com) a franchi un cap inquiétant : elle émet désormais plus de CO₂ qu’elle n’en absorbe. En cause, une mortalité d’arbres en forte hausse, due à la chaleur, aux sécheresses et à la pauvreté des sols. Ici, l’excès de CO₂ ne booste pas la croissance : les arbres n’arrivent pas à en profiter, sans doute parce que le sol ne leur fournit pas assez d’eau et de nutriments pour transformer ce carbone en biomasse.

Résultat : depuis 2010, chaque hectare relâche en moyenne 930 kg de CO₂ par an, contre une absorption de 620 kg dans les années 1970‑2000.

Mais pourquoi donc ?

  • Ressources : les sols amazoniens, riches en nutriments et en eau, permettent aux arbres de transformer le CO₂ en bois. En Australie, la pauvreté des terres bride leur activité.
  • Climat local : les sécheresses et les cyclones frappent plus durement certaines régions, accélérant la mortalité des arbres et réduisant leur capacité à stocker du carbone.
  • Fragmentation et déforestation : dès qu’une forêt est morcelée, martyrisée, son équilibre bascule. Les arbres isolés meurent plus vite, les cycles du carbone se dérèglent.

L’incertitude plane

Ce qui se joue ici, c’est la capacité des forêts à rester des puits de carbone et des sources d’oxygène. Or, partout sur la planète, les signaux d’alerte se multiplient :

  • En France, la croissance des arbres ralentit, la mortalité double en dix ans, et les scientifiques redoutent que nos forêts deviennent elles aussi émettrices nettes de CO₂… dès 2026 si la tendance se poursuit.
  • Les mégafeux, tempêtes, attaques de parasites et sécheresses s’intensifient, fragilisant les forêts sur tous les continents.
  • Le consensus scientifique est clair : sans adaptation rapide (diversification des essences, gestion durable, lutte contre la déforestation), les forêts risquent de perdre leur rôle de climatiseur planétaire.

En résumé : partout, la menace plane. Si on ne change rien, le grand basculement (où les forêts deviendront émettrices de CO₂) pourrait bien arriver plus vite (et plus violemment) qu’on ne le pense.

Groot, si tu as un plan, c’est le moment !

Pour aller plus loin :