La Françafrique... mais sans l'Afrique !  - Afrique Corruption Françafrique Relations internationales
| 16/06/2009

La Françafrique… mais sans l'Afrique !

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Etonnante coïncidence. Au moment où déferlent les critiques les plus acerbes sur les moeurs affairistes de feu Omar Bongo, une succession de scandales dignes des recoins les plus sombres de la Françafrique marque la France.

Depuis une semaine, les médias regorgent de rumeurs sur les complaisances réciproques tissées entre la France et le Gabon. Les commentateurs ne se cachent plus pour clamer qu’Omar Bongo détenait suffisamment de secrets d’État inavouables pour mettre la pression sur Paris, en permanence. Jusqu’à faire éjecter, début 2008, un secrétaire d’Etat à la coopération un peu trop bavard, Jean-Marie Bockel en l’occurrence, qui appela imprudemment à signer « l’acte de décès de la Françafrique ». Même mort, l’ancien membre des services secrets français impressionne toujours, à voir les têtes d’affiche qui se pressent pour saluer sa dépouille : Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner et Jacques Chirac. RIen que ça ! Pourtant, le bilan de ses 42 années à la présidence d’un Etat pétrolier important est catastrophique, pour son peuple. Pour le reste…

La Françafrique est morte ? Vive la France…

Utilisé à l’origine (par Félix Houphouët-Boigny) pour qualifier les bonnes relations entre la France et ses anciennes colonies, le terme est maintenant devenu péjoratif, synonyme de réseau de corruption et de financement occulte. On en passe et des meilleures. Franchement pas glorieux. Finalement, la France, c’est pas si mal… Certes, quelques affaires récentes ont fait jaser dans les chaumières. Mais ce ne sont que quelques broutilles, rien de plus.

La France à fric

L’affaire UIMM, par exemple, et sa caisse noire de 600 millions d’euros dont on ne sait rien, et dont on ne saura sans doute jamais rien, à part que 20 millions ont été prélevés en liquide et que le cabinet de Nicolas Sarkozy était informé de l’affaire dès 2004. Mais puisqu’on vous dit qu’on ne sait rien ! Circulez… L’affaire Tapie et ses 400 millions d’euros, rubis sur l’ongle, qui ont fait éclater au grand jour les principes d’une « justice » arbitrale bien légère, quoi qu’indigeste. Celle-ci sévit aujourd’hui encore, tous les jours dans notre beau pays, mais ses décisions restent confidentielles.

L’affaire des caisses sombres des congés payés du BTP, qui planquent jalousement 777 millions d’euros qui auraient dus être reversés aux salariés. L’affaire des frégates de Taïwan, dans laquelle l’Etat (tous gouvernements confondus) a abusivement étendu la notion de secret-défense pour protéger des intérêts privés et dont on ne sait qu’une seule chose : c’est le contribuable français qui paiera certainement la douloureuse : 1,5 milliard d’euros. Une paille.

Polis tiques

Serge Dassault : condamné par le Conseil d’Etat pour avoir distribuer des billets sous le manteau pour convaincre ses électeurs, il est actuellement inéligible bien que toujours sénateur. Il a été condamné à deux ans de prison avec sursis en Belgique en 1998. Mais sa petite entreprise a pourtant bénéficié, en 20 ans, de 38 milliards d’euros de subventions publiques pour construire un Rafale qui ne se vend nulle part. Cadeau. Mais la « liberté de blâmer » du Figaro n’a pas de prix. Dix jours plus tôt, l’ex-maire de Paris Jean Tiberi, pendant des décennies fidèle lieutenant de Jacques Chirac, était condamné à 10 mois de prison avec sursis et 3 ans d’inéligibilité pour avoir inventé des myriades de faux-électeurs.

A Saint-Cyprien, Jacques Bouille se suicidait dans la prison où il était détenu en préventive pour blanchiment, corruption, prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics. A peine désigné, son successeur a été placé en garde à vue. Quelques semaines plus tôt, le maire de Perpignan, Jean-Paul Alduy, avait vu son élection invalidée, convaincu de « fraude aux chaussettes ». Récemment encore, le maire de Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, a été destitué en conseil des ministres après avoir été écroué pour détournement de fonds.

Etc. La Françafrique. Aussi en France, et sans l’Afrique.