En deux temps, trois mouvements (sociaux), Laurence Parisot se sera mis à dos une bonne partie de la France. Les syndicalistes, les grévistes, les manifestants et ceux qui les soutiennent, l’opposition mais aussi… la majorité ! Il fallait le faire. Chapeau !
Mardi, Laurence Parisot a considéré que la grève générale avait « un coût en termes de démagogie et d’illusions créées« . « C’est une facilité, je ne crois pas que ce soit une réponse » a-t-elle déclaré avant d’accuser la CGT de « provoquer des destructions d’emplois » à Marseille. Ce matin, invitée sur Europe 1, elle a en outre asséné que cette journée de mobilisation avait « un coût direct« , en référence aux heures non travaillées, « et indirect« , estimant que cette grève était « catastrophique pour la réputation de la France« . Voilà pour les syndicats.
Pas les moyens ni le désir de moraliser le capitalisme
Plus fort, interrogée sur la proposition du 18 février de Nicolas Sarkozy d’encadrer les rémunérations des dirigeants d’entreprise qui recourent au chômage partiel ou à des licenciements économiques en période de crise, elle a répondu le plus simplement du monde : « Nous, Medef, nous avons une autorité morale mais pas plus que ça. Nous n’avons pas les moyens ni même le désir d’imposer quelque chose qui dépend de la relation contractuelle entre le mandataire social et son entreprise, via les décisions du conseil d’administration« .
Et vlan !
D’un coup d’un seul, Laurence Parisot vient de mettre par terre toute la politique de « moralisation du capitalisme » du gouvernement, qui s’appuie exclusivement sur les chartes éthiques de « l’autorité morale » du MEDEF pour limiter les primes de départ et autres parachutes dorés des patrons. L’on découvre donc aujourd’hui que le MEDEF n’a pas les moyens « d’imposer » quoi que ce soit à ses affiliés. Pourtant, n’avait-on pas entendu la ministre de l’économie, à l’unisson de la patronne des patrons, nous affirmer que ces mesures éthiques étaient des « engagements très forts » qui devaient avoir « force de loi » ?
Ironie de l’histoire, c’est l’Ifop, l’institut de sondage de Laurence Parisot, qui a révélé mardi que 78 % des Français considèrent justifié le mouvement social de ce jeudi 19 mars. Elle aurait voulu motiver encore plus les syndicats qu’elle ne s’y serait pas pris autrement. A croire qu’elle a investi dans un mouvement révolutionnaire…