Malgré l’obligation d’exécuter les mandats de la CPI, Paris a laissé filer l’avion officiel israélien, comme en avril et juillet 2025. Jusqu’où la France ignorera-t-elle ses propres engagements ?
Selon des données de Flight Radar, le 28 décembre 2025, l’avion officiel de Benyamin Netanyahou a tranquillement traversé l’espace aérien français en direction de la Floride, où il devait rencontrer Donald Trump.
Petit détail qui fâche : Netanyahou fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI depuis le 21 novembre 2024 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité présumés à Gaza. La France, signataire du Statut de Rome, est censée exécuter ce type de mandat. Et pourtant, le « Wings of Zion » (4X‑ISR) a survolé l’hexagone sans souci… ainsi que la Grèce et l’Italie, elles aussi signataires.
Turbulences diplomatiques
D’après plusieurs sources, Israël aurait obtenu noir sur blanc l’assurance que Paris n’appliquerait pas le mandat de la CPI lors du survol. BDS France parle de « complicité » et réclame un embargo militaire, le respect des engagements vis‑à‑vis de la CPI, et l’interdiction du survol retour prévu le 1er janvier 2026.
Cette escapade n’est pas une première : des survols similaires ont déjà eu lieu les 6 avril 2025 (vers les États-Unis) et 7 juillet 2025 (vers le Royaume-Uni), sans plus d’application du mandat. En revanche, en septembre 2025, Netanyahou a contourné la France (via Grèce, Italie, Gibraltar) malgré une autorisation préalable, pour éviter les risques d’arrestation en cas d’atterrissage imprévu.
L’argument de « l’immunité » ? Déjà démonté.
Le gouvernement français répète que Netanyahou bénéficierait d’une immunité : parce qu’Israël n’a pas signé le Statut de Rome, et parce qu’il est Premier ministre. Sauf que la CPI a déjà clairement affirmé que ça ne tient pas, notamment :
Un État est‑il contraint juridiquement d’intercepter un avion en vol pour arrêter une personne recherchée ?
Non. Aucune décision de la CPI ne l’exige. Et selon la Convention de Chicago de 1944 relative à l’aviation civile internationale, un État peut certes interdire un survol, forcer un atterrissage voire intercepter un avion… mais n’y est jamais obligé pour des raisons de sécurité, même pour des raisons judiciaires. Pourtant, ça a déjà été fait. L’exemple le plus connu : Evo Morales en 2013. Suspecté de transporter Edward Snowden, son appareil a été interdit par la France, l’Espagne et l’Italie. Résultat : atterrissage forcé à Vienne en Autriche, où il aurait été fouillé. Autre cas, plus cocasse : « L’État déploie un Rafale pour traquer un ULM avec une banderole anti‑Macron ».
Conclusion : la France sait parfaitement interdire un survol ou intercepter un aéronef quand elle le souhaite. Mais cette fois, et malgré le mandat de la CPI, elle était clairement en… mode avion. Reste à voir quelles seront les conséquences juridiques — pour l’État français et pour ceux qui ont pris ces décisions.