Jérôme Bourreau-Guggenheim. Un salarié de TF1 licencié pour cause de désaccord politique, ça fait tache. Surtout quand la chaîne de transmission est actionnée par le pouvoir politique. Résultat ? Une suspension temporaire pour une série impressionnante de boulettes… anticonstitutionnelles.
Jérôme Bourreau-Guggenheim, responsable du pôle innovation web de TF1, a été licencié par son employeur pour avoir envoyé un email anti-Hadopi à sa députée (UMP) Françoise de Panafieu. Cette dernière n’a pas tergiversé très longtemps, transférant rapido le courriel en question au cabinet du Ministère de la Culture « pour obtenir un argumentaire ». Ni Une, ni deux, les sbires de Christine Albanel ont « le même jour » réexpédié le bousin à la direction de la chaîne. D’où ce licenciement boomerang. Dimanche, le ministère de la Culture et de la Communication (faut-il le préciser) a annoncé avoir refusé la démission du fautif, Christophe Tardieu, directeur adjoint de son cabinet. Celui-ci sera tout de même suspendu un mois. De quoi se ressourcer. Fin de l’histoire… ou pas.
De la séparation des pouvoirs
Françoise de Panafieu a maintes fois pris partie en faveur de la loi Hadopi, notamment devant l’Assemblée Nationale, le 29 avril. Comment se fait-il qu’elle ne dispose pas des arguments pour répondre elle-même (ou via ses conseillers) à ses détracteurs ? La réponse est simple : personne, dans cette majorité ne maîtrise le sujet.
D’autre part, est-il normal que la députée, et/ou le ministère de la Culture, aient violé le droit à la communication privée et à la confidentialité des opinions politiques ? Ça n’a pas l’air de choquer grand monde. Plus fort, le Cabinet de Christine Albanel est-il un simple secrétariat au service des députés (ou inversement) ? La question est loin d’être anodine car elle remet en cause… la séparation des pouvoirs entre le législateur et l’exécutif, censée être garantie par la constitution. Une broutille…
De l’indépendance des médias
Autre sujet, comment la direction de TF1 peut-elle se réjouir ouvertement de licencier un de ses salariés pour motif politique, sur délation du gouvernement ? Rappelons qu’il s’agit de la première chaîne de télévision du pays, et que ses journaux d’information sont les plus appréciés des « cerveaux disponibles » que nous sommes. Et si cette aventure était intervenue en Russie ou au Venezuela, quels auraient été les commentaires de Claire Chazal ? N’en JT plus, si TF1 n’hésite pas à licencier un salarié au simple motif qu’il est désaccord politique avec la direction, il ne fait plus aucun doute que l’information ventilée à l’occasion de ses JT est aussi orientée par ses choix politiques. Si le doute n’était guère permis, le fait est maintenant avéré.
Et enfin… Euh… Quelqu’un pourrait envoyer un courriel (privé) au Parti Socialiste… s’il est encore vivant ? En tout état de cause, il ne bouge plus, aucun communiqué officiel n’ayant été publié depuis le 7 mai… A moins qu’un passage sur TF1 soit planifié prochainement ?
