Henri Proglio, pédégé d’EDF et président de Veolia, renonce à sa double rémunération. Mais qu’on se rassure, il conserve sa retraite chapeau à 13 millions d’euros. Ouf. L’occasion pour Christine Lagarde de changer d’avis pour la deuxième fois en quelques semaines. Pirouette cacahuète…
Le 5 novembre 2009, la ministre des finances Christine Lagarde répondait aux questions des sénateurs [Mediapart] : « Je suis de ceux qui se sont étonnés d’apprendre que, s’il était nommé, il ne renoncerait pas à la présidence de la société Veolia.(…) Peut-on exercer simultanément la présidence d’EDF, entreprise contrôlée par l’État, et celle de Veolia, société cotée en bourse ? Je souhaite appeler l’attention du Gouvernement sur les risques de conflits d’intérêts« . Quant à sa rétribution ? « Il n’est pas question de cumul de rémunérations. M. Proglio n’en percevra qu’une, qui sera fixée le 22 novembre prochain, à l’occasion de sa nomination. Il serait raisonnable de tenir compte de sa rémunération chez Veolia… mais en aucun cas – je le précise à l’intention de ceux d’entre vous qui ne semblent être intéressés que par cette seule question – il n’y aura cumul. » Clair et net !
L’imbroglio Proglio : 13 millions d’euros de retraite chapeau !
Sauf que si Proglio avait renoncé à son poste de Président de Veolia, il se serait assis sur plus de 13 millions d’euros de retraite. Le Document de référence 2008 de Veolia Environnement fait en effet apparaitre que ce versement était conditionné par « la présence de l’ensemble des bénéficiaires de ce régime au sein de la Société lors de la liquidation de leur retraite« . C’eut été dommage. Le problème du conflit d’intérêts est donc oublié. Puis vint l’annonce fatidique. Le nouveau big boss touchera 1,6 million d’EDF et 450.000 euros de Veolia. Et Christine Lagarde n’a plus eu le choix. Il fallait sauver le soldat Proglio. Coûte que coûte. Mercredi, devant l’Assemblée, elle a donc multiplié les moulinets. Imparable : Proglio ne touche plus de salaire chez Veolia, comme promis, mais une in-dem-ni-té. Nuance ! Et puis de toutes les façons, un bon patron, ça se paie rubis sur l’ongle. Dont acte.
Girouette cacahuète
Sauf que vendredi matin, le vent a de nouveau soufflé, Henri Proglio a annoncé qu’il renonçait à son indemnité Veolia (jusqu’à preuve du contraire). Et la girouette a de nouveau tourné. Victoire ! Christine Lagarde s’en félicite. « Je pense que c’est la bonne décision, je me réjouis qu’il l’ai prise et je lui ai téléphoné pour le lui dire« . Un mec bien, en somme… « Ce qui compte, c’est le résultat » dit-elle pour écarter les critiques sur ses retournements de veste successifs.
Risque politique
Reste deux questions : Primo, les deux groupes – Veolia et EDF – sont en concurrence directe dans certains secteurs. On imagine que les litiges vont se multiplier, et Proglio se retrouvera en première ligne. A moins qu’on ne nous dise pas tout ? Deuxio, qu’est-ce qu’Henri Proglio peut apporter de si important pour que le gouvernement prenne un tel risque politique ? A part que c’est un ami proche de Nicolas Sarkozy (de la bande du Fouquet’s), on ne voit pas… Mais on va certainement nous expliquer.