En pleine période de grève sur les retraites, Laurence Parisot demande, à tort et de travers, de reculer l’âge légal de départ à la retraite pour tout le monde à 63 ans et demi, malgré un taux d’inactivité des 55-64 ans de plus de 60%. Et l’on apprend que le nouveau président de l’UNEDIC n’emploie aucun senior dans sa société. Les hasards et les coïncidences…
Laurence Parisot a donné de la voix, jeudi, pendant les grèves. Pour la cheftaine du MEDEF, il faut absolument reculer l’âge de la retraite à 63,5 ans. Pourtant, pour la collectivité, le coût d’un chômeur est supérieur au coût d’un retraité. C’est d’ailleurs pour cela que les syndicats ont récemment proposé au gouvernement un système de basculement accéléré du chômage vers la retraite (Canard Enchaîné). Bizarre…
Touche pas grizbi, Sarko !
Pas logique, mais compréhensible. Car le gouvernement a clairement laissé entendre que, l’UNEDIC étant maintenant bénéficiaire en raison de la baisse du nombre de chômeurs indemnisés, il serait bientôt possible de récupérer le bénéfice de l’Union pour financer le déficit de la caisse des retraites. Ce qui ne plait pas du tout au MEDEF, qui ne tient pas à voir s’échapper le pactole, comme le souligne Marianne. D’où cette annonce tonitruante de Laurence Parisot, qui souhaite sincèrement – n’en doutons pas – aider le gouvernement à réhabiliter la valeur « travail » en rallongeant la durée de cotisation. Et tant pis si la collectivité y perd. Tant pis si les ouvriers arrivent à l’heure de la retraite physiquement et moralement anéantis. Tant pis… Pourvu que l’argent reste entre de bonnes mains !
Parce que l’emploi des seniors… Moins de 40% des 55-64 ans occupent un emploi, 50% des gens sont au chômage dès 58,5 ans, et tous les voyants sont au rouge. Selon les dernières enquêtes de la DARES, seulement un patron sur deux est prêt à embaucher un senior, même s’il éprouve des difficultés à embaucher. Certes le « CDD seniors » devait régler le problème, mais seulement 20 malheureux contrats avaient été signés fin 2007, depuis sa mise en place en août 2006 ! Certes, ce gouvernement a récemment annoncé que des mesures contraignantes seraient prises à l’encontre des sociétés qui ne respecteraient pas un certain quota de vieux, mais devant la bronca patronale, le ministère de l’Economie a déjà ravalé sa salive et annoncé qu’il se contenterait de mesures incitatives. Et encore, ça reste à voir… Alors avec autant de carrières amputées, il va y en avoir, des minimum vieillesse. Et c’est autant d’argent qui restera au chaud…
Pas de racisme anti-vieux
Hasard ou coïncidence, l’on apprend vendredi, sur l’antenne de RMC, au micro de Jean-Jacques Bourdin, que Geoffroy Roux de Bézieux, patron de Virgin Mobile et nouveau patron de l’Unedic, n’emploie que très peu de seniors… aucun en fait, pour être précis, zéro ! Mais il a une justification en béton : « Il y a zéro personne de plus de 55 ans chez Virgin Mobile. Ce n’est pas du tout du racisme antivieux, c’est que je ne peux pas recruter des gens de plus de 50 ans dans un métier qui a 10 ans comme la téléphonie » a-t-il indiqué, droit dans ses bottes.
L’argument est imparable… sauf que :
Le GSM a commencé à se répandre en France en 1990, et non il y a dix ans. Une personne de 50 ans avait alors 32 ans. Mais les gens de 32 ans avaient bien mieux à faire que travailler dans la téléphonie, à cette époque-là…
Vendre des abonnements de téléphonie est-il trop complexe pour des personnes de 50 ans ? Pléthore de tarifs, des abonnements, des termes barbares « SMS », « GSM », « Email »… trop compliqué pour des personnes âgées dont la capacité neuronale tend à diminuer dangereusement.
En généralisant ce raisonnement, cela signifie simplement que toute la branche des technologies informatiques et électroniques est fermée aux seniors, tout simplement… il suffisait de le dire.
En généralisant ce raisonnement, il faudrait virer les seniors de tous les corps de métiers qui demandent un effort physique, et pour lesquels ils ne seraient plus aptes (maçonnerie, bâtiment, transport, manutention…) alors il ne resterait plus grand chose…
Et c’est bien ça, le malheur ! Être vieux, avoir envie de travailler… et ne pas supporter de se retrouver apostrophé entre un pédophile et un consanguin ! Faites ce qu’ils disent, mais surtout, pas ce qu’ils font ! Le MEDEF, au cœur du 21ème siècle… comme affiché en grand sur leur site Internet. Alors vivement le 22ème !