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| 29/11/2008

Climat social : les salariés français baissent les bras…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Une étude réalisée fin 2007 par l’Observatoire Cegos a été publiée il y a quelques jours. Elle montre clairement que les salariés français ont la fâcheuse tendance à se « désengager ». Se sentant peu reconnus et peu soutenus, leur confiance dans leur entreprise s’effrite et leur première réaction est de baisser les bras.

Cette étude sur le climat et les relations sociales dans les entreprises date de fin 2007, avant que la crise ne prenne l’ampleur qu’on connait aujourd’hui. Mais ses résultats ont été publiés il y a quelques jours. Réalisée auprès de 166 DRH d’entreprises représentant les différents secteurs d’activité et d’un échantillon national représentatif de 2 000 salariés, les résultats en disent long sur l’évolution du climat social dans les entreprises françaises.

Stressés mais impliqués

Majoritairement satisfaits de leur travail, les salariés français sont 61% à se déclarer « motivés » et presque 80% s’estiment « très impliqués ». Près des deux tiers disent concilier plutôt harmonieusement vie personnelle et vie professionnelle. Malgré cela, 51% des salariés se disent régulièrement stressés dans leur travail. Et ce chiffre grimpe jusqu’à 61% pour les cadres. En clair, le stress devient la « norme »…

Si l’environnement de travail global semble satisfaire les salariés, les relations avec leur hiérarchie n’est pas au beau fixe. Seul un salarié sur deux fait confiance à son manager, tandis que moins d’un sur trois considère que sa direction s’intéresse au climat social. Seulement 45% des salariés se sentent reconnus dans leur travail. De plus, ils souhaiteraient pouvoir évoluer à 57% mais seuls 27% estiment que c’est possible.

Lever le pied plutôt qu’agir

En cas d’insatisfaction dans leur travail, 56% des salariés enclenchent une « discussion franche » avec leur manager, tandis que 31% lèvent le pied sans piper mot. Et lorsque les réclamations ne sont pas résolues, elles débouchent principalement sur de la démotivation et de l’absentéisme… grèves et débrayages n’apparaissent qu’en seconde option. Résultat confirmé par les DRH, selon lesquels le phénomène de l’absentéisme s’accroît dangereusement (63%), tout comme les dérives de comportements (53%) et la baisse d’implication (51%).

« jusqu’ici tout va bien »

Annick Allégret, Directeur de l’unité Ressources Humaines et Management du Groupe Cegos, commente ces résultats : « Certes on peut dire que « jusqu’ici tout va bien » car les salariés dans leur majorité sont satisfaits de leur situation professionnelle. Néanmoins, on sent qu’ils ont baissé les bras sur certains points et que la confiance dans l’entreprise et son avenir s’effrite. Les conflits collectifs sont à la baisse, mais le mécontentement des salariés engendre de la démotivation et une augmentation des conflits individuels« . « Face à cette évolution que nous sentons poindre depuis quelques années, les DRH semblent démunis. Les deux tiers d’entre eux ne disposent ni d’outils permettant de suivre le nombre de conflits individuels, ni d’étude de climat social » ajoute Valérie Jaunasse, Manager chez Cegos.

Ces résultats confirment une enquête Gallup – Ifop de 2002 qui affichait une moyenne de 26% de salariés « totalement désengagés », c’est-à-dire qui ne s’intéressent plus à leur entreprise. Ce chiffre était, à l’époque, supérieur de aux points à ceux d’autres pays, comme le Japon, les Etats-Unis, l’Allemagne, Israël et la Grande-Bretagne…

Une situation inquiétante, autant du point de vue social qu’économique, alors que la crise actuelle pèse sur le moral des ménages et demande aux entreprises une plus grande réactivité, ainsi que des capacités de rebond et d’innovation.

Travailler plus pour stresser plus ? … toute une histoire.