Sarkozy remet le couvert face aux banquiers à découvert...  - Banques Économie Nicolas Sarkozy Politique
| 26/08/2009

Sarkozy remet le couvert face aux banquiers à découvert…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

« Scandalisé » ! Nicolas Sarkozy fait mine de taper sur les banquiers. Il aime ça. Ils aiment ça. Comme dans un théâtre d’ombres chinoises : ce qui se passe dans la réalité n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est l’image projetée sur la toile. Et que les spectateurs applaudissent…

A Toulon, par exemple, en septembre 2008 : « Les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d’abus, trop de scandales. Alors ou bien les professionnels se mettent d’accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous réglerons le problème par la loi avant la fin de l’année ». Rebelote en octobre 2008, quand Nicolas Sarkozy évoque un « pacte moral » passé entre la nation et les banques. En janvier 2009, à Vesoul : « Je demande aux banques de prendre de nouvelles initiatives [et de] suspendre en 2009 la part variable des rémunérations de leurs dirigeants sur les résultats de 2008 […] C’est bien la moindre des choses ».

« Du jamais vu »

Ou encore en février 2009, quand Nicolas Sarkozy fustige « le système de rémunération de ceux qu’on appelle les traders, ces jeunes gens qui jouaient à spéculer » et dont « les rémunérations étaient indexées sur la prime de risques […] Ça a conduit à la catastrophe que l’on sait. C’est ça qu’il faut interdire ! ». En mars 2009 : « Il ne doit plus y avoir de parachutes dorés. Il ne doit plus y avoir de bonus, d’actions gratuites ou de stock-options dans une entreprise qui reçoit une aide de l’Etat ». En avril 2009, tout flamboyant, à la sortie du G20, il décrit la « déclaration détaillée » adoptée et attention ! « Les superviseurs pourront imposer à des banques qui n’auront pas un système de rémunération des traders raisonnable, des obligations en termes d’augmentation de leurs fonds propres. Là aussi, c’est du jamais vu. » Du « jamais vu »… qu’on ne verra jamais, effectivement.

Des mesures qui existent déjà

Pourtant, le code de bonne conduite du MEDEF fut signé par les banques en octobre 2008. Plus efficace encore, un code de bonne conduite spécifique aux établissements financiers fut validé dès le mois de février 2009. Le texte, paraphé par tous les établissements et transmis à la Banque de France, engageait les signataires à bannir dès 2009 les bonus garantis au delà d’un an, à instaurer des critères de coût du capital, du risque et de la liquidité, à imposer d’étaler les paiements dans le temps afin d’ évaluer les bénéfices réellement dégagés par les traders sur des longues périodes. Il recommandait en outre de payer les bonus sous forme d’actions. Ça ne vous rappelle pas quelque chose ? A quelques mots près, la déclaration qu’a tenue Nicolas Sarkozy, hier, sur le perron de l’Elysée, après avoir fait la morale aux banquiers.

Le vrai scandale : les banques ne tiennent pas leurs promesses

Parce qu’hier, il ne s’est pas passé grand chose, en fait. Nicolas Sarkozy a fait mine de hurler contre les grands méchants patrons de banque. Une victoire sans combat, ça plait au peuple. Il a prononcé un joli discours. Il a fait nombre de propositions floues… qui sont pour la plupart déjà en vigueur. En en réduisant tout de même la portée, puisque ces mesures ne seront appliquées que si le G20 les reprend à son compte. En revanche, pas un mot ou presque sur le vrai scandale. En octobre 2008, en contrepartie des aides publiques de 10,5 milliards d’euros, les banques s’étaient engagées à faire progresser de 3 à 4% le volume de crédits. Une vraie mesure anticrise. Aujourd’hui, elles reconnaissent être dans l’incapacité de tenir leurs promesses et tablent désormais sur une hausse comprise entre 1 et 2%. Vite, un rendez-vous à l’Elysée !

Comme dans un théâtre d’ombres chinoises. Ce qui se passe dans la réalité n’a pas d’importance, ce qui compte, c’est l’image projetée sur la toile.