Sarkozy se brûle à l'épreuve du feu chinois  - Chine Diplomatie Jeux olympiques Nicolas Sarkozy Relations internationales Tibet
| 12/08/2008

Sarkozy se brûle à l'épreuve du feu chinois

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Dire tout et son contraire, en permanence, et chacun retient ce qui l’arrange. A la fin, tout le monde s’y perd, mais c’est toujours la faute des autres, ils caricaturent et dénigrent la rupture. Tel est le fondement de la méthode Sarkozy. Si cette tambouille politique fonctionne sur le territoire, face à la Chine, le gloubi-boulga ne prend pas. Et l’indigestion risque de laisser des traces…

Fin 2007, peu de temps avant que Nicolas Sarkozy n’effectue son premier stage diplomatique en Chine, Angela Merkel recevait le Dalaï-lama. Le gouvernement chinois a vu rouge. Plusieurs visites ou réunions officielles annulées dans la foulée, une convocation de l’ambassadeur, quelques lettres diplomatiques peu avenantes. « Comme chancelière, c’est à moi seule de décider qui je reçois et qui je ne reçois pas et où (…) Le mieux serait que les dirigeants chinois cherchent eux-mêmes le dialogue avec le Dalaï-lama, qui demande l’autonomie culturelle pour le Tibet et la garantie des droits de l’Homme« . C’en était vraiment trop, trop d’insolence ! Finis les contrats allemands en Chine… devait se dire Nicolas Sarkozy.

Pourtant, la Chine s’est présenté à Berlin le 22 janvier dernier, lors du sommet des ministres des Affaires Étrangères du groupe « E3+3 » (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Allemagne). Et, le coeur léger, le ministre chinois concerné par l’affaire a remis les choses à plat. Il a longuement insisté sur l’importance de relations cordiales entre les deux pays et au retour du « dialogue à coeur ouvert ». En trois mois, l’affaire était pliée. Remarquons simplement qu’Angela Merkel se contente du minimum. Une réception sans prétention, une réponse sèche aux invectives chinoises, emballez c’est pesé. Elle s’est même proposé, il y a quelques semaines, de rencontrer à nouveau le Dalaï-lama.

Repentance et soumission

Nicolas Sarkozy a décidé de systématiquement jouer de la courbette devant l’autorité chinoise. Lors des manifestations au passage de la flamme olympique à Paris, le gouvernement chinois a donné de la voix. Plutôt que d’expliquer sereinement qu’en France, les manifestations sont libres et non guidées par un gouvernement tout puissant, Nicolas Sarkozy a envoyé une délégation de très haut niveau pour s’excuser. Et pour mieux enfoncer le clou, il a fait interdire une manifestation devant l’ambassade de Chine pendant la cérémonie d’ouverture des JO, avant de l’autoriser au tout dernier moment, alors que la mobilisation n’était plus possible.

Nicolas Sarkozy annonce conditionner sa présence à la cérémonie d’ouverture des JO à l’état des discussions sino-tibétaines. Mécontentement prévisible des chinois. Malgré le statu quo, il s’y rend. Mécontentement prévisible des associations pro-tibétaines. Avant l’ouverture des JO, il annonce avoir l’intention de recevoir le Dalaï-lama. Mécontentement prévisible et violent de l’ambassadeur chinois en France qui fulmine. Kouchner le convoque dare-dare pour mettre les points sur les « i ». Mais en chinois le « i » n’existe pas et l’ambassadeur enfonce le clou dès sa sortie de l’entrevue… Quelques heures avant de monter dans l’avion, direction Pékin, Nicolas Sarkozy renonce, tout en laissant fuiter qu’il attend la fin des JO pour annoncer une nouvelle rencontre. Ambiance…

Duplicité diplomatique

D’un côté, Nicolas Sarkozy veut faire penser qu’il est un homme fort, sur le plan international. De l’autre côté, à la première remontrance chinoise, il s’incline gracieusement, tout en laissant fuiter quelques informations contraires. Si une partie du monde occidental a cerné le personnage et ne s’inquiète plus guère de ses déclarations, les Chinois, eux, ne laissent rien passer. Des indiscrétions de plus en plus sérieuses font planer un sérieux nuage sur l’avenir de la France en Chine. Malgré les courbettes de notre Sarko, les chinois se prépareraient, dès la fin des JO, à bouter la France hors de Chine… Mais peut-on vraiment leur en vouloir ?

Angela Merkel n’a pas participé à la cérémonie d’ouverture pour cause de « conflit avec ses congés annuels ». Silvio Berlusconi a invoqué des problèmes météorologiques. Gordon Brown n’a même pas donné de raisons. George Bush s’y est rendu mais a, sur place, dégainé un discours droit-de-l’hommiste assez violent.