Le discours de Nicolas Sarkozy, à l’occasion du Conseil national de l’UMP du 5 juillet, a fait beaucoup de bruit. Sa sortie sur la « grève indolore » résonne encore dans les couloirs de la République. Mais c’est le Monument tout entier qui vibre… à l’analyse du discours dans sa version originale. Selon lui, la France doit beaucoup à l’Europe, car elle nous a sauvé des dirigeants socialistes. Décryptage.
C’est étonnant, mais le discours est absent du site Internet de l’Elysée. Il s’agit pourtant d’un discours officiel du Président de la République, en présence des cadres de l’UMP, de José Manuel Barroso, président de la commission européenne et Hans-Gert Pöttering, président du parlement européen. Par contre, sur ce site présidentiel, on trouve toutes sortes de trésors, comme cette interview au Figaro datée du 7 juin 2007 où il déclare : « Le président de la République ne peut être l’homme d’un parti ou d’un clan« . « Le président de la République ne peut pas être membre d’un parti politique » insiste-t-il quelques phrases plus loin, en faisant valoir les « droits de l’opposition qui doit enfin avoir un statut« . A une autre occasion, il vante devant sa majorité ses qualités présidentielles : « je n’ai plus le droit de raisonner comme un chef de Parti, je dois raisonner comme un Président de la République à la hauteur de ses responsabilités« . C’est clair.
Donc, le discours de ce président au dessus des partis est disponible… sur le site de l’UMP. En voici quelques doux extraits, soigneusement choisis et mis en musique.
« Quand il y a une grève en France, plus personne ne s’en aperçoit »
« J’ai été élu pour agir, pour conduire un mouvement de réforme sans précédent dans notre pays. Et je voudrais dire à nos partenaires européens que la France est en train de changer, elle change beaucoup plus vite et beaucoup plus profondément qu’on ne le croit. Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ! » Tout le monde connait, et la vidéo de ce passage a connu son heure de gloire. Passons donc.
« Beaucoup me disent que je n’ai pas de chance. Je suis tout de même président de la République, qu’est-ce que ce serait si j’en avais ! Ils me disent aussi que cette année est catastrophique. Je suis tout de même président de l’Union européenne, si la chance revient l’année prochaine, mais que va-t-il m’arriver ! » La petite touche d’autosatisfaction, absolument indispensable… dans un discours de président de l’Union Européenne. Anecdotique.
« La France a besoin de l’Europe et l’Europe a beaucoup apporté à notre pays. Imaginons un peu ce qu’il serait advenu de la France et de son débat politique, lorsque nous avions des ministres communistes et des dirigeants socialistes au gouvernement de la France. Heureusement qu’il y avait l’Europe pour empêcher ceux-ci d’aller jusqu’au bout de leur idéologie et de leur logique. C’est aussi cela l’Europe« . Voilà donc ce que l’Europe nous a apporté… Elle nous a protégé des communistes et des socialistes ! Que dire d’autre que… Merci ?
Est-ce un sketch d’Anne Roumanoff ou de Fernand Raynaud ? Un discours de Jean-Marie Lepen, de George Dobeuliou Bush ou de Joseph McCarthy ? Non… juste un dernier extrait de ce discours du Président de la République française, au dessus des partis, au dessus des clans, qui souhaite attribuer un « statut » à l’opposition, et qui raisonne comme « un Président de la République à la hauteur de ses responsabilités« . CQFD. Vive la République ! Vive la France ! Et… merci l’Europe !
(Merci à Aurélien qui, du bord de sa fenêtre, nous a alerté du péril socialiste auquel nous avons échappé. LePost.fr en parle aussi)