De Bercy à France Telecom, Stéphane Richard ne perd pas le fil  - Conflit d'intérêt Économie France Telecom Patronat Stéphane Richard
| 18/05/2009

De Bercy à France Telecom, Stéphane Richard ne perd pas le fil

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Désopilant… Stéphane Richard, actuel directeur de cabinet de Christine Lagarde, quittera son poste de Bercy pour devenir numéro 2 de France Telecom, dont l’Etat possède 27% du capital. Un conflit d’intérêt ? La Commission de déontologie, saisie par l’interessé, n’y voit aucun problème… puisque le bonhomme a promis de ne plus serrer la pince de ses anciens collègues !

Résumons. En 2002, Stéphane Richard, proche de Nicolas Sarkozy, devient administrateur de France Télécom, poste qu’il occupera jusqu’en 2007, pour devenir directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy. Fin 2008, sa nomination comme directeur général délégué de France Télécom est évoquée, elle sera entérinée en mars 2009. Le numéro 2 de Bercy deviendra donc numéro 2 de France Telecom durant l’été 2009, avant de devenir number One en 2011. Un problème… Quel problème… ?

Le ministère de la défense… de France Telecom

En tant que responsable du ministère de l’Economie, Stéphane Richard a eu l’occasion d’intervenir à plusieurs reprises dans des dossiers concernant l’opérateur historique. Ainsi, en février dernier, le Canard Enchainé rapporte qu’il est intervenu auprès du Conseil de la concurrence pour défendre l’exclusivité obtenue par Orange sur la vente de l’Iphone. En avril, il a aussi volé au secours de France Telecom dans le conflit judiciaire qui l’oppose à Vivendi et Canal+ sur les conditions de vente de ses programmes sportifs. Le soutien de Bercy a été si flagrant – et inhabituel – que le tribunal lui a solennellement demandé de préciser à quel titre il intervenait !

Dernier coup litigieux, en date du 4 mai : Bercy a reporté la mise aux enchères de la quatrième licence de téléphone mobile… à la grande satisfaction d’Orange, de SFR et de Bouygues Télécom qui voient d’un mauvais oeil l’arrivée d’un nouveau concurrent. Le ministère explique vouloir se laisser un peu de temps pour calculer le « juste prix » de la licence, alors que la dernière évaluation a été faite il n’y a que quelques mois ! D’autres dossiers seront encore évoqués en haut lieu d’ici l’été, dont les modalités d’installation de fibres optiques chez les particuliers, qui pourrait rapporter gros à France telecom.

Un ange passe… à la Commission de déontologie

Mais le futur pantouflard a su convaincre son auditoire, lors de son entretien devant la commission de déontologie (récemment tournée en ridicule à l’occasion de l’affaire Perol). Et d’une, il a assuré qu’il n’avait jamais touché aux dossiers relatifs à FT. Promis, juré, craché. Avec une preuve en béton : une note rédigée de sa main, dès son arrivée, qui précisait à ses services que toutes les questions concernant France Télécom seraient traitées en dehors de son autorité. Et de deux, il a accepté la proposition de la commission lui enjoignant de ne plus avoir le moindre contact avec les membres du cabinet de Christine Lagarde. Le conseil d’administration de France Telecom n’a pas encore réagi, ayant appris la nomination de Stéphane Richard… par la presse !

Stéphane Richard n’a donc jamais eu de contact avec France Telecom en tant que numéro 2 de Bercy, et ses adjoints planquaient leurs dossiers dès que le Boss pointait le bout de son nez. Et il n’aura pas plus de liens avec le cabinet de Christine Lagarde en tant que numéro 2 de l’opérateur, son principal actionnaire… Ça ne s’invente pas !

NB : A cette heure, la commission de déontologie n’a pas encore publié de compte-rendu de sa session du 13 mai. Seuls Christine Lagarde et l’interessé se sont exprimés sur le sujet.

NB2 (19 mai 2009 9h30) : Deux membres de la Commission de déontologie ont démissionné. Lire Le Monde.