Le principe de précaution appliqué à la lettre… par les assureurs, qui refusent toujours de couvrir les risques liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques.
Le mois dernier, l’un des plus gros réassureurs (assureurs des assureurs) du monde, la Lloyds, a publié un rapport d’évaluation des risques sanitaires liés à l’exposition aux champs électromagnétiques (CEM) des téléphones mobiles et de l’impact que cela pourrait avoir sur l’industrie des assurances. Les conclusions de ce rapport tiennent en quelques phrases :
¤ « La majorité des études épidémiologiques ne montre aucune augmentation du risque de cancer du cerveau » et « aucune preuve concluante d’autres problèmes médicaux n’a encore été apportée ». Jusqu’ici, tout va bien.
¤ Mais « davantage de recherches doivent être menées sur la façon dont l’exposition affecte les enfants ». Car « il existe des preuves montrant que, en raison de différences physiologiques, les enfants sont effectivement soumis à des expositions supérieures aux limites recommandées« . Aïe. D’autant que lorsque l’exposition dépasse 10 ans, chez les adultes, « il y a des indications d’un risque accru de certains types de cancer du cerveau« . Avis aux amateurs. Soit vous vous arrêtez au bout de 10 ans, soit vous attendez 80 ans avant de vous acheter votre téléphone…
¤ « Les précédents juridiques sont jusqu’à présent favorables à l’industrie ». Ouf. Sauf si un procès en cours tourne mal (Murray v Motorola 2009) et que la justice condamne le fabricant pour avoir « truqué les résultats de ses mesures » et/ou avoir « caché des preuves montrant que les CEM sont dangereux ». A suivre, donc, car « le cas des ondes GSM pourrait s’avérer plus complexe que celui de l’amiante« . D’un point de vue d’assureurs, c’est plutôt positif, car les procès seraient encore plus longs et les jugements certainement moins affirmatifs.
¤ « Le manque d’études effectuées sur le long terme, combiné aux longues périodes de latence de nombreux cancers, impliquent de réaliser d’autres études pour confirmer qu’il n’y a pas de risque sanitaire lié à l’exposition sur le long terme aux CEM faibles ». Ou pas.
Conclusion
A l’heure actuelle, il est impossible d’évaluer le risque, donc impossible de l’assurer. Ce qui ne nous empêche pas de distribuer les téléphones mobiles comme des petits pains, y compris aux enfants, et de planter des antennes relais un peu partout. Problème : techniquement, en cas de problème sanitaire, ce sont donc les opérateurs et/ou constructeurs qui pourraient être tenus pour responsables. Il risque d’y avoir un peu de friture sur la ligne…
« Le danger avec les champs électromagnétiques, comme avec l’amiante, est que le risque est sous-estimé. Or, ce risque pourrait croître de façon exponentielle et durer plusieurs années », selon l’association Robin des toits, qui rappelle que « dès les années 1920, des sociétés d’assurance américaines et britanniques avaient refusé de couvrir les risques éventuels liés à l’utilisation de l’amiante. Aujourd’hui, c’est bis repetita avec le portable »…