Génétique : retour à la case départ, là où il y a de la gêne...  - Génétique Médecine OGM Organismes génétiquement modifiés Recherche scientifique Santé Santé publique Science Sciences
| 03/12/2008

Génétique : retour à la case départ, là où il y a de la gêne…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Pas une semaine ne passe sans que de nouveaux gènes soient unanimement pointés du doigt, responsables de l’alcoolisme, de l’éjaculation précoce, du vieillissement… la fontaine de jouvence, en quelque sorte. Sans parler des OGM ou du clonage. Mais deux études américaines sont récemment venues souffler ce charmant château de cartes très théorique, qu’on pensait pourtant sculpté dans le marbre. La génétique s’en trouve bouleversée, mais faut-il vraiment le dire ?

La génétique est une technologie qui doit permettre, dans quelques années, de guérir bon nombre de maladies… dit-on depuis une quarantaine d’années. Et depuis une vingtaine d’années, toutes les semaines ou presque, de nouveaux gènes sont rendus responsables de maladies, de malformations, ou même de comportements. Sans l’ombre d’un doute, sans le moindre début de conditionnel. Mais les rêves l’emportent souvent sur la réalité, et ces découvertes qui courent depuis une quarantaine d’années restent le plus souvent sans suite. Beaucoup de bruit pour pas grand chose…

Il y a toutefois une victoire dans le domaine des thérapies géniques qui est à souligner, même si elle reste à confirmer. Elle concerne les enfants-bulle, ces jeunes qui ne peuvent vivre ailleurs que dans un environnement totalement stérile, derrière une bâche hermétique. A Milan, l’équipe de la chercheuse Maria Grazia Roncarolo a en effet réussi à « guérir » sept enfants, traités depuis 2004. Autres avancées efficaces, au niveau de la détection de maladies, les tests génétiques se révèlent relativement efficaces dans un certain nombre de cas.Ce qui ne doit pas faire oublier qu’un certain nombre de déficiences génétiques peuvent être traitées par des remèdes classiques, comme le souligne Arnold Munnich de l’hôpital Necker. D’autres victoires « technologiques » aussi, dans le domaine du clonage ou des OGM.

Comment fonctionne le gène ? On n’en sait rien, selon deux études…

Il faut cependant rester prudents, très prudents. Car si la communauté des biologistes considère globalement la génétique comme l’avenir de la médecine, il reste un point en suspens : comment fonctionne le gène ? Simple, répondra celui qui a courageusement suivi ses cours de biologie en terminale scientifique… Totalement incompréhensible, répondent en coeur deux équipes de chercheurs qui viennent de publier les résultats de leurs études, qui font maintenant référence dans le domaine.

Résumons (synthétiquement) : le corps humain est constitué de myriades de cellules, qui forment tissus et organes. Au sein de chaque cellule se trouve un noyau qui contient la presque totalité du matériel génétique, sous forme de chromosomes. Tous les noyaux de toutes les cellules de notre corps contiennent les mêmes chromosomes. Chaque cellule possède donc la copie intégrale de la totalité de notre patrimoine génétique.

Les chromosomes sont constitués de gènes, qui correspondent à un code… que l’on a cru pendant très longtemps destiné à la fabrication d’une protéine particulière, et une seule. Mais les généticiens ont constaté, il y a une quinzaine d’années, que certains gènes ne se comportaient pas aussi simplement, et qu’ils pouvaient donner naissance à plusieurs protéines différentes, voire antagonistes, selon des mécanismes imprévisibles. Et c’est de là que vient la gêne. Car on a pensé très longtemps que ce phénomène restait marginal. En 2003, une étude montrait qu’au moins 74% des gènes étaient concernés. Et en novembre 2008, deux études très poussées font monter ce chiffre à 94% !

Les gènes se rebellent

Il s’avère donc aujourd’hui que 94% de nos gènes ne répondent plus à la théorie génétique de base, élaborée à partir de constatations faites sur des bactéries ou sur des plantes. Ils ne répondent plus à grand chose d’ailleurs, car les deux conclusions auxquelles sont parvenus les deux chercheurs sont :
   
    génétique découverte sur le fonctionnement des gènes qu’un gène peut avoir des effets totalement différents selon certains mécanismes connus mais imprévisibles (un gène produit diverses protéines)
    génétique résultats de Blencowe et Burge que la nature de ces effets dépend fortement de la localisation de la cellule dans l’organisme (un gène situé dans le foie aura des effets différents que le même gène situé dans le cerveau) 

Ces conclusions contredisent totalement la théorie actuellement admise dans le milieu très fermé des généticiens. Tellement fermé d’ailleurs, que certains n’ont pas encore l’air au courant de ces découvertes. Et il y a fort à parier que de nouveaux gènes vont bientôt être découverts, qui seront tenus pour responsables de pathologies ou d’addictions diverses et (a)variées. Sous les hourras médiatiques.

Un moratoire ? … Tout de suite, les gros mots !

Une découverte très importante vient d’avoir lieu, qui annule bon nombre d’études génétiques mais qui ouvre de nouvelles perspectives. De quoi mettre un coup de fouet à la discipline, mais aussi de quoi stopper net toutes les productions actuelles qui n’ont pas été évaluées sous cet angle, en attendant d’en savoir plus… ce qu’on appelle un moratoire. Mais ça, ce n’est plus du domaine de la science, malheureusement… ça s’appelle l’innovation économique.

(liens en anglais : web.mit.edu, itvnews.tv)