Déficit : la France atteint le fond, Woerth creuse...  - Budget Déficit Économie Éric Woerth PIB mondial
| 22/06/2009

Déficit : la France atteint le fond, Woerth creuse…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Faites le taire ! A chaque interview d’Eric Woerth, la prévision du déficit public se dégrade. Il y a moins d’une semaine, Eric Woerth annonçait un malheureux 6,1%. Hier, le ministre du Budget a encore abaissé ses estimations : 7 – 7,5%. Et la semaine prochaine ?

3,1% en novembre 2008, 3,9% en décembre, 4,4% en janvier 2009, puis 5,6% en mars pour finir à 6,1% le 16 juin dernier. Mais dimanche, Eric Woerth a encore révisé ses prévisions de déficit : « entre 7 et 7,5% du PIB en 2009 et en 2010« , soit « environ 140 milliards d’euros » (contre 42 milliards en 2006), a-t-il annoncé lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. En moins d’une semaine, la France aura perdu 30 milliards d’euros. Une paille. De quoi s’inquiéter pour les semaines qui viennent. Alors… on panique ?

« Le déficit est une arme »

Eric Woerth déficit public
© Lacombe – Le Journal de clébard.

Selon le ministre du Budget, « le déficit est une arme contre la crise qui nous permettra d’en sortir au plus vite« . Nous voilà rassurés. D’autant que « l’Angleterre sera aux alentours de 10%, l’Espagne aux alentours de 10%, les Etats-Unis seront aux alentours de 12%« . « Les dépenses publiques ne sont pas du tout dans un état calamiteux, il n’y a pas de laxisme » a-t-il encore déclaré. On attend les commentaires de François Fillon, selon lequel la France était en « situation de faillite » en… septembre 2007, avant le début réel de la crise.

Les experts

Mais aujourd’hui, les choses ont changé. Puisqu’on ne peut rien faire contre l’ivraie enivrante, clamons donc qu’il s’agit d’une pâquerette. Il y a un bon et un mauvais déficit, tel est le nouveau credo du gouvernement. Christine Lagarde, ministre de l’Economie, l’affirmait déjà en début de mois. Le « déficit prescrit« , disait-elle, est la conséquence des mesures de relance « que tous les experts » (OCDE, FMI, Commission européenne, etc.) ont préconisé. A contrario, le « déficit subi » est « celui que la France accumule depuis trente ans et auquel on doit s’attaquer dans le cadre de la meilleure gestion des dépenses publiques« .

En résumé, le bon déficit, préconisé par « tous les experts » serait celui qui sert à rattraper les boulettes de… ces mêmes experts. En revanche, le mauvais est celui des dépenses sociales, celui-là même que le gouvernement a récemment qualifié d’ »amortisseur de la crise« … Cherchez l’erreur.

Autre boutade, lancée par Eric Woerth, au cours de ce même entretien : le déficit de la Sécu est attendu pour 2009 et 2010 à 30 milliards d’euros, soit 10 de plus que prévu. Pas de quoi s’inquiéter pour autant, Eric Woerth a une solution miracle : « la chasse aux faux malades« . « Ceux qui critiquent cette mesure ont bien tort. Cela veut dire à ce moment-là qu’on soutient la fraude », s’est-il défendu. Imparable !