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| 16/10/2014

Des gènes de plantes alimentaires dans notre sang

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Une nouvelle étude scientifique montre que l’ADN de plantes alimentaires peut passer la paroi intestinale et se retrouver dans notre sang. Avec la question en suspens : cet ADN étranger peut-il modifier notre physiologie ?

Dans une étude publiée dans la revue « Public Library of Science », une équipe de chercheurs hongrois a analysé 1000 échantillons de sang humain provenant de quatre études indépendantes. Résultat : contrairement à ce que l’on peut penser, la digestion ne dégrade pas totalement les aliments avant que le corps les absorbe. De très nombreux fragments d’ADN étranger (qu’on appelle « cell free ADN » – cfADN), assez grands pour contenir des gènes complets, arrivent ainsi à se frayer un chemin jusqu’au sang. Dans l’un des échantillons de sang analysé, la concentration de cfADN de la plante ingérée était même supérieure à celle du du cfADN humain.

En 2011 déjà, une équipe chinoise était parvenue à la même conclusion, avec cette précision : une fois ingérés, les micro-ARN* issus de l’alimentation peuvent se lier aux micro-ARN endogènes de l’organisme et modifier son fonctionnement biochimique en inhibant certains gènes chromosomiques (hépatiques notamment, se soldant par une augmentation du taux de cholestérol de l’hôte). En clair : notre alimentation modifie en profondeur notre fonctionnement physiologique.

Si cela venait à être vérifié, il s’agirait d’un nouveau développement scientifique capital :
    – Nous ne faisons pas que manger des nutriments inertes (glucides, protéines, vitamines…), nous becquetons aussi de l’information.
    – Ce nouveau mécanisme physiologique pourrait favoriser ou inhiber l’apparition de maladies.
    – Les interactions plantes-animaux seraient bien plus évoluées que nous le pensions, laissant la porte grande ouverte aux théories de « co-évolutions ».
    – Les micro-ARN feraient maintenant partie des nutriments essentiels, au même titre que l’eau, les vitamines et les acides aminés.

(*Micro-ARN : petites séquences génétiques d’ADN qui se promènent en liberté dans l’organisme, au contraire de l’ADN des chromosomes qui restent sagement cloitrés dans le noyau des cellules.)