Imaginerait-on une équipe de chercheurs en train d’observer et de comparer, très sérieusement, des fourmis et des humains trimballer un gros objet en forme de T dans un labyrinthe ? Eh bien oui : ça existe. Et à la fin, les fourmis gagnent. Ouaip…
Tout part d’un « problème de déménageur de piano » revisité : comment faire passer un objet encombrant dans un passage étroit et tarabiscoté ? Les chercheurs du Weizmann Institute ont donc construit deux mini-labyrinthes identiques, l’un pour les fourmis, l’autre pour les humains, et fabriqué un gros T (avec un pied) à déplacer en guise de piano. Ils ont tout filmé, puis disséqué les images à l’aide d’outils informatiques et de modèles physiques.
Qui ne saute pas n’est pas humain, hein !
Côté humains : des volontaires motivés, probablement chauffés par l’esprit de compétition — « c’est nous qu’on est les plus forts ». Côté fourmis : totalement manipulées… elles croyaient transporter un truc à grailler. Rien que pour ça, elles méritent un bonus. Les tests se faisaient en trois configurations : fourmis seules, par 7 ou par 80 ; humains seuls, en groupes de 6 à 9, ou en équipe de 26. Et parfois, on corsait l’affaire humaine : interdiction de parler, de faire des gestes, de se regarder. Lunettes opaques, masques… tout pour saboter la communication humaine.
And the winner is…
Sans surprise, en solo, les humains gagnent haut la main : réflexion, stratégie, planification. Bref, le cerveau sert encore à quelque chose. Les fourmis, seules, galèrent, voire échouent.
Mais dès qu’on passe en mode collectif, c’est Waterloo pour les bipèdes. Les fourmis nous explosent littéralement. Limiter la communication rend les humains chaotiques : ils foncent vers les solutions faciles… et totalement foireuses. Et l’amélioration de leurs performances à plusieurs est très long et poussif. La « sagesse de groupe » ? Que dalle. Juste des individus qui se parasitent mutuellement. Pendant ce temps, les fourmis déroulent tranquille : coordination fluide, mémoire collective, zéro drama. On dirait une équipe pro hyper entraînée. Elles tirent ou poussent toutes ensemble, persistent, corrigent leurs erreurs et donnent l’étrange impression d’être un seul organisme. Un « super-organisme », comme disent les chercheurs.
Ces petites bestioles qu’on écrase parfois sans même les voir. Elles nous battent, collectivement, à plate couture. La loi du plus faible ?
Post-scriptum :