 
    Une équipe de chercheurs vient de montrer que la suppression d’un seul gène dans des cellules de levure crée une pression génétique sur l’ensemble du génome de l’organisme, aboutissant finalement à une ou plusieurs mutations secondaires en d’autres endroits, pour « compenser le manque ».
Les conclusions de cette étude, menée par des chercheurs de l’université Johns-Hopkins, à Baltimore dans le Maryland, aux Etats-Unis, seront publiées le 21 novembre dans la revue Molecular Cell, apportant de nouvelles preuves que le génome est une machine extrêmement complexe. Et non pas un simple programme, comme on a trop souvent tendance à le croire. En clair, l’organisme remédie à l’absence du gène en s’adaptant et en modifiant un ou plusieurs gènes en d’autres endroits.
Le découverte de « jumelages entre le gène d’origine, supprimé, et le gène muté par la suite, nous a donné une liste des interactions génétiques possibles qui était en grande partie inconnue auparavant » affirme J. Marie Hardwick, Ph.D, responsable de l’étude. D’où cette question : l’effet généré par la suppression d’un gène est-il lié à cette suppression initiale, ou à la mutation induite ? Une question à laquelle ils apportent un début de réponse : « le [dysfonctionnement] des cellules altérées est généralement due à des mutations secondaires, pas à la suppression génique initiale, et beaucoup de ces mutations secondaires ont eu lieu dans des gènes qui sont connus pour causer le cancer chez les humains« .
La découverte, probablement applicable à la génétique humaine, pourrait avoir des conséquences importantes en cancérologie et dans d’autres domaines, affirment les scientifiques. « Nous avions pensé le cancer comme conséquence d’une mutation initiale dans un gène suppresseur de tumeur, suivie de mutations supplémentaires qui aident le cancer à prospérer » affirme Hardwick. Mais il se pourrait bien que les choses ne soient pas aussi simples et que les mutations observées soient en fait des conséquences d’autres modifications génétiques préalables.
