Depuis l’esclavage, un même réflexe traverse les régimes : traiter la résistance comme une anomalie mentale ou morale. En qualifiant la révolte de dérèglement, on évite surtout d’entendre ce qu’elle dit.
Depuis l’esclavage jusqu’à aujourd’hui, les classes dominantes ont souvent traité la révolte des dominés comme un signe de dérèglement plutôt qu’un acte politique.
Exemple emblématique : en 1851, le médecin esclavagiste Samuel Cartwright invente la « drapétomanie », faisant passer la fuite des esclaves pour une maladie mentale — « soignable » par l’obéissance et les châtiments.
Dans les empires coloniaux, même logique : les soulèvements sont décrits comme des « crises de sauvagerie » pour masquer la lutte sociale pour la liberté.
Frantz Fanon retourne la table dans les années 1950 en dénonçant cette pathologisation et en redonnant une vraie dimension politique aux comportements des colonisés.
Aujourd’hui encore, quand ça se soulève dans les quartiers, on parle de « violences irrationnelles » plutôt que de révolte contre des injustices, perpétuant ce vieux réflexe : transformer la contestation en trouble à corriger plutôt qu’en message à entendre.