Pathologiser les révoltes : l’art de faire taire la colère  - Colonialisme Colonisation Drapétomanie Lutte des classes Luttes sociales Médecine Révolte Samuel Cartwright
| 13/12/2025

Pathologiser les révoltes : l’art de faire taire la colère

Image d’illustration © Internet Archive Book Images|Wikimedia Commons|Public domain

Depuis l’esclavage, un même réflexe traverse les régimes : traiter la résistance comme une anomalie mentale ou morale. En qualifiant la révolte de dérèglement, on évite surtout d’entendre ce qu’elle dit.

  • Depuis l’esclavage jusqu’à aujourd’hui, les classes dominantes ont souvent traité la révolte des dominés comme un signe de dérèglement plutôt qu’un acte politique.
  • Exemple emblématique : en 1851, le médecin esclavagiste Samuel Cartwright invente la « drapétomanie », faisant passer la fuite des esclaves pour une maladie mentale — « soignable » par l’obéissance et les châtiments.
  • Dans les empires coloniaux, même logique : les soulèvements sont décrits comme des « crises de sauvagerie » pour masquer la lutte sociale pour la liberté.
  • Frantz Fanon retourne la table dans les années 1950 en dénonçant cette pathologisation et en redonnant une vraie dimension politique aux comportements des colonisés.
  • Aujourd’hui encore, quand ça se soulève dans les quartiers, on parle de « violences irrationnelles » plutôt que de révolte contre des injustices, perpétuant ce vieux réflexe : transformer la contestation en trouble à corriger plutôt qu’en message à entendre.