Rama Yade, Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy... et moi et moi et moi...  - Bernard Kouchner Boycott Chine Diplomatie Jeux olympiques Le Monde Nicolas Sarkozy Tibet
| 07/04/2008

Rama Yade, Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy… et moi et moi et moi…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Rama Yade s’illustre à nouveau. Au quotidien Le Monde, samedi, elle a posé les « trois conditions indispensables » pour que Nicolas Sarkozy se rende à Pékin pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Mais quelques heures plus tard, elle dément ! « J’y pense et puis j’oublie »…

Rama Yade se rappelle au bon souvenir des droits de l’homme, quelques mois après avoir tancé le Colonel Kadhafi d’un désormais célèbre « la France n’est pas un paillasson« . Moult réprimandes plus tard, elle avait aménagé son propos. Samedi, au quotidien Le Monde, elle a lâché quelques déclarations fracassantes, mais à peine avions-nous eu le temps de finir de lire l’article que les dépêches tombaient : le Monde, ce repaire de « charognards« , avait tout inventé, elle n’a jamais dit ça.

Trois conditions indispensables

Selon le quotidien, Rama Yade déclare sans détour : « Nous demandons la remise en liberté immédiate de Hu Jia, qui vient tout juste d’être condamné à trois ans et demi de prison ». Puis, au sujet de la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d’ouverture, qui « parlera alors en tant que président en exercice de l’Union européenne« , « trois conditions sont indispensables pour qu’il s’y rende : la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l’ouverture du dialogue avec le dalaï-lama« . Détonnant !

« Le Tibet est un pays envahi et on y stérilise les femmes »

Plus détonnant encore que lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré que « chaque fois que quelqu’un est humilié, est persécuté, est opprimé, il devient automatiquement français« ,  à l’occasion de la libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien, en octobre 2007. Mais bien moins que lorsque Bernard Kouchner déclarait « Se souvient-on que le Tibet est un pays envahi et qu’on y stérilise les femmes ?« … enfin, c’était en 1996. Car depuis, les choses ont changé. Nicolas Sarkozy se contente d’appeler le gouvernement chinois à la « retenue » et de déclarer que « toutes les options sont ouvertes« . Bernard Kouchner, lui, est encore plus explicite… « Nous sommes aussi contraints de ménager un certain nombre d’intérêts économiques pour ne pas creuser le chômage : cela s’appelle gouverner« . Les droits de l’homme pour plus d’un milliard de Chinois, c’est bien joli, mais il ne faudrait pas que ça aggrave le chômage, mazette ! C’est Nicolas Sarkozy qui doit se retourner dans son palais, lui qui affichait dans son programme présidentiel que « La mondialisation ne peut en aucune manière justifier que l’homme et l’environnement soient sacrifiés aux intérêts de l’économie et du commerce« .

On pouvait penser que, suite à l’épisode « Kadhafi », Rama Yade avait obtenu l’accord de l’Elysée, et éventuellement du Quai d’Orsay, pour se lâcher de la sorte. Mais on ne peut que constater, à la lecture des multiples démentis et autres correctifs, que ce n’était pas le cas. La confusion issue de la publication de l’article est grandiose. Et Rama Yade a rapidement démenti que le terme « condition » ait été employé. Le Monde maintient. Mais si l’entretien du « paillasson » n’avait pas été enregistré, n’aurait-elle pas démenti ?

Citation de Clement Attlee : « On serait tenté de dire que ce ne furent que des mots, mais, aux moments importants de l’histoire, les mots sont des actes ».

Les mots ont un sens…

Mise à jour 07 avril, 13h40 : Bernard Kouchner dément le démenti de  Rama Yade