Du contenu et de l’action. Déçus par le Grenelle de l’Environnement, des scientifiques, des ONG de défense de l’environnement et des associations de malades lancent le RES afin de faire pression sur les politiques publiques qui ménagent trop souvent les intérêts économiques au détriment des populations. Premier dossier : le Bisphénol A.
PCB, Parabens, phtalates, Bisphénol A… les populations sont en permanence soumises à la présence de nombreuses substances chimiques dans leur environnement. Or, les effets sanitaires de ces composants potentiellement toxiques ne sont que très peu étudiés. Et le Grenelle de l’Environnement, malgré ses promesses, n’a rien apporté de nouveau. En parallèle, le cancer est devenu la première cause de mortalité. Son incidence a doublé en 25 ans, il frappe aujourd’hui un homme sur deux et une femme sur trois. Le cancer de l’enfant progresse constamment, montrant que le vieillissement n’est pas seul en cause. L’obésité, le surpoids, les maladies chroniques se répandent à grande vitesse…
Pour une vision globale des risques
C’est ce constat qui amène des ONG et associations, sous l’égide de l’Alliance pour la Planète, à créer un observatoire des risques environnemento-sanitaires : le Réseau Environnement Santé (RES). L’objectif de cette organisation est double : créer une base de données scientifique exhaustive et peser sur les « producteurs de risques » et les pouvoirs publics afin d’infléchir les décisions, jugées trop souvent favorables aux lobbies industriels. « Il est grand temps de changer de logique et de considérer comme primordiale la relation de l’homme à son écosystème, afin de faire du lien environnement-santé le coeur de la politique de santé et de la politique de l’environnement » a déclaré RES lors de sa conférence de presse de lancement, mardi 3 mars.
Le Bisphénol A en question
Ce composant synthétique se retrouve un peu partout, des biberons aux ciments dentaires en passant par les bouteilles d’eau ou récipients plastiques pour micro-onde. Le hic, c’est qu’une fois chauffé, le Bisphénol A (BPA) peut diffuser, notamment dans l’alimentation dans le cas d’un passage au micro-onde. Or, le BPA agit comme perturbateur endocrinien. Il est ainsi impliqué dans des affections aussi variées que les problèmes de reproduction, l’obésité, les cancers du sein et de la prostate, le diabète, les dysfonctionnements thyroïdiens et les problèmes d’attention chez les enfants. L’exposition en bas âge peut augmenter une prédisposition aux cancers. Pas moins.
Le nuage du BPA s’arrête à nos frontières
28 études scientifiques publiées sur 28 réalisées montrent des troubles au comportement à des doses inférieures à la norme européenne, mais elles ont été écartés par l’AFSSA (agence française de sécurité sanitaire des aliments) et l’EFSA (Agence européenne pour la Sécurité Alimentaire) au motif de « faiblesses méthodologiques ». Aux Etats-Unis, 93% de la population est imprégnée de cette substance. « On peut extrapoler que s’agissant du BPA nous sommes des Américains comme les autres puisque les pouvoirs publics n’ont pas jugé digne d’intérêt de tester la population française », affirme André Cicolella, porte-parole de RES. Au Canada, par contre, le BPA a été interdit dans les biberons l’été dernier. Curieusement, les industriels avaient déjà prévu un biberon de remplacement et le changement s’est fait le plus naturellement du monde, en quelques semaines. « Avec le Bisphénol A, on est en plein syndrome de Tchernobyl, persuadé, une fois encore, que le nuage s’arrêtera à nos frontières… », résume Cicolella.
Pétition pour l’interdiction du BPA
Le RES lance donc sa première campagne en demandant aux eurodéputés français de signer une pétition en vue d’une interdiction européenne. Une étude scientifique va aussi être réalisée auprès de femmes enceintes et de jeunes enfants pour évaluer précisément leur exposition au Bisphénol A.