Les microparticules sont dangereuses pour la santé, quelles que soient les concentrations observées, et les systèmes d’alertes mis en place pour informer de pics de pollution sont inutiles. Tel est en substance le contenu d’un communiqué de l’Afsset publié lundi.
Voir l’épisode 2 : « Alerte aux microparticules à la RATP«
À la suite d’un changement méthodologique dans les mesures de particules fines dans l’air, le 1er janvier 2007, les résultats obtenus faisaient état d’une nette augmentation des concentrations détectées. Les ministères chargés de l’écologie et de la santé ont donc commandité un avis d’expertise en août 2007, celui-ci a été publié hier par l’Afsset.
Nocivité à toutes les concentrations
Le rapport conclut que les particules fines dans l’air ambiant ont des effets indésirables sur la santé, qu’il s’agisse d’exposition de court terme ou d’exposition chronique. « On ne peut trouver de seuil de pollution au-dessous duquel il n’y aurait pas d’impact sanitaire » et « la mise en oeuvre de seuils d’information et d’alerte relatifs aux particules ne présente globalement pas de bénéfice sanitaire substantiel » affirme aussi l’Afsset.
Ce ne sont pas les pics de pollution qui sont les plus nocifs, mais bien les expositions fréquentes à des niveaux modérés. En effet, 97% de l’impact sanitaire est attribuable à des niveaux peu élevés (inférieurs à 50 µg/m3), mais fréquemment mesurés dans l’air. Les particules fines PM10 – d’un diamètre inférieur à 10 microns – et surtout PM2,5 – moins de 2,5 microns – peuvent pénétrer profondément dans les voies respiratoires. En Europe, 350.000 décès prématurés sont imputables chaque année aux particules fines.
Réduire les sources d’émission
L’Afsset encourage donc les pouvoirs publics à réduire les sources de microparticules que sont la combustion du bois, du charbon et du fioul dans le résidentiel et le tertiaire (27% des émissions), de l´industrie manufacturière (28%) et de l´agriculture/sylviculture (30%). Dans les zones urbaines, les transports contribuent également de manière importante (passant par exemple de 11% au niveau national à 30% en Ile de France). Autres mesures préconisées : l’information de ces dangers aux publics les plus sensibles (femmes enceintes, nouveau-nés, enfants, personnes âgées…) et la révision des seuils de concentration réglementaires.
Le Grenelle de l’environnement devrait prendre ce rapport en compte. La première phase a déjà conclu qu’il fallait mettre en place un plan « particules » avec un objectif de 15μg/m3 (PM2,5), valeur cible en 2010 et obligatoire en 2015, soit une réduction de 30% de la pollution, avec atteinte à terme de la valeur guide de l’OMS (10μg/m3). Il y a encore du chemin à faire…