Société Générale : ces stock-options qui démoralisent un capitalisme (pourtant) moralisé  - Capitalisme Patronat Société générale Vidéo
| 21/03/2009

Société Générale : ces stock-options qui démoralisent un capitalisme (pourtant) moralisé

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Quatre dirigeants de la Société Générale ont touché un pactole de stock-options. Devant le scandale, ils ont dû publier un communiqué désopilant dans lequel ils annoncent renoncer à… rien, et que cette attribution est tout à fait conforme au code éthique du MEDEF qui était censé définitivement moraliser le capitalisme. Oups.

Société générale - stock options

Dans le cadre du « plan d’actions et d’options 2009 » de la Société Générale, le président Daniel Bouton, le directeur général Frédéric Oudéa, et les directeurs généraux délégués Didier Alix et Séverin Cabannes se sont vus attribuer 320 000 stock-options. Valeur estimée à ce jour : 7,7 millions d’euros. Ce montant peut évoluer de 0 à quelques dizaines de millions d’euros d’ici 2012, c’est le principe des stock-options. Belle récompense (virtuelle) pour des gens qui se sont fait rouler dans 5 milliards d’euros de farine par un meulier de seconde zone (alias Jérôme Kerviel) et dont la survie de la société tient uniquement aux subsides de l’Etat (pour 1,7 milliards) et d’AIG (pour 11,9 milliards) !

« Bizarre« , « pas opportun« , « indécent« , « inadmissible« 

« Pas opportun« , pour Christine Lagarde, ministre de l’économie. « Bizarre » pour le secrétaire général de l’UMP Xavier Bertrand. « Indécent » pour le porte-parole du gouvernement Luc Châtel. « Inadmissible » pour Nicolas Sarkozy. Et c’est Henri Guaino qui concluait la salve de la majorité de la plus belle des façons : « Il est absolument nécessaire d’être [exemplaire, sinon] on va créer une crise politique majeure [avec un] risque de populisme, de xénophobie, de violence« , a déclaré le conseiller (très) spécial de Nicolas Sarkozy. Rien que ça !

Touche pas au grisbi !

Du coup, les heureux gagnants au jeu du Millionnaire de la SocGen se sont résignés, la mort dans l’âme, à publier un communiqué. Ils y déclarent qu’ »afin de favoriser un retour à une plus grande sérénité dans le débat sur la rémunération à long terme des dirigeants, les mandataires sociaux du groupe s’engagent à renoncer à lever ces stock options tant que Société Générale bénéficie d’un appui en fonds propres de l’Etat« . D’une part, les options n’étant exerçables qu’à partir de 2012, autant dire que le risque pris est proche du zéro. D’autre part, ces sympathiques patrons semblent totalement ignorer le problème éthique soulevé par ce plan, se contentant d’admettre à mi-mots le besoin d’un « retour à une plus grande sérénité« .

Respect des codes éthiques du MEDEF

Plus fort, les critères de performance qui leur permettront de récolter le maximum de ces options est basé sur l’évolution de la valeur de l’action de la Société Générale qui devra être « comparable ou supérieure à celle de ses 14 principaux concurrents« . Difficile de faire plus flou. Il n’empêche, conclut enfin le communiqué, que ce dispositif « s’inscrit dans le respect strict des règles AFEP/MEDEF« . Nous y voilà donc… Comment cet acte « indécent » et « inadmissible » est-il possible alors que les règles du code éthique du MEDEF ont été respectées ? Ces règles qui devaient définitivement assainir le capitalisme le plus débridé ; celui qui nous a mené à cette crise aux allures de fiasco absolu.

Ce n’est jamais que la deuxième fois en deux jours que ce code éthique du MEDEF est battu en brèche… Pas de quoi s’énerver, une charte morale ne devrait pas tarder à régler tous ces menus problèmes…