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| 20/03/2008

Total, après deux marées noires, se lance dans le nucléaire… chaud devant !

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Ce n’est pas nouveau, Christophe de Margerie avait déjà annoncé à plusieurs reprises qu’il voulait faire de Total un acteur important de l’industrie nucléaire. La chose prend forme, Total participera à la construction et à l’exploitation de deux réacteurs EPR aux Emirats arabes unis. Est-ce vraiment raisonnable ? …

Total se hisse à la 21ème place du classement des entreprises mondiales par la capitalisation, avec 180 milliards de Dollars. Son bénéfice net ajusté atteint 12,2 milliards d’euros en 2007. Mais le groupe ne se suffit plus du business pétrolier et la baisse annoncée des ressources pétrolières mondiales pousse la « firme » à investir d’autres marchés. Ce ne sera pas l’éolien, ni même le solaire, mais bien le nucléaire ! Mardi 15 janvier 2008, Nicolas Sarkozy, en voyage officiel aux Emirats arables unis, signe le contrat fatidique : Total s’est associé avec Suez et Areva en vue de construire et d’exploiter deux réacteurs EPR de troisième génération dans le cadre d’un accord de coopération sur le nucléaire civil.

Pourquoi Total ? Le groupe ne possède pas les compétences requises et l’investissement n’est pas un problème pour des sociétés comme Suez ou Areva. En fait, l’apport de Total dans ce contrat n’est pas matériel, mais il tient aux relations de confiance entretenues de longue date avec les Emirats, et aux liens étroits qui unissent leurs princes et autres décideurs avec ses dirigeants, notamment Christophe de Margerie, en charge de l’exploration et du commerce avec le Moyen-Orient depuis 1992… En outre, conformément aux annonces de Margerie, Total ne se contente pas de couvrir ses arrières en prenant quelques participations dans des sociétés déjà dans la place, et le groupe souhaite devenir « à terme » un acteur à part entière sur le marché du nucléaire !

Mais que dire d’une société qui, étant l’une des meilleures dans son domaine de compétence, 4ème groupe pétrolier mondial, montre autant de failles dans ses process de sécurité. La marée noire l’Erika en décembre 1999 fut particulièrement terrible : 20.000 tonnes de fuel lourd très toxique déversées dans l’océan, qui souillèrent 400 km de littoral. Les draps s’en rappellent encore… La culpabilité de Total a été reconnue par la justice. A nouveau, dimanche 16 mars 2008, ce sont entre 100 et 400 tonnes, selon les « organisateurs », qui s’échappèrent de la raffinerie Total de Donges (Loire-Atlantique). On ne connait pas encore les conséquences de cette mini marée noire, mais, selon la police, ce sont déjà 30 km de berges sont souillées.

Alors est-il vraiment raisonnable de laisser une entreprise qui ne maîtrise pas ses outils de production se lancer dans la fabrication et l’exploitation de centrales nucléaires ? Il est vrai qu’en France, nous sommes assez forts pour élever des barrières anti-nucléaires invisibles, comme on a pu le constater suite à l’accident de Tchernobyl, mais tout de même… Est-ce vraiment raisonnable ? Une marée noire nucléaire… ce sont les bécasseaux tout juste déglués qui doivent piaffer…

Et si votre réponse se base sur le professionnalisme et la compétence des ingénieurs en génie nucléaire, n’oubliez jamais que « ce sont des professionnels qui ont construit le Titanic (réputé insubmersible), et des amateurs l’Arche de Noé », comme disait Philippe Meyer.