Gêne éthique. Un ancien directeur de Monsanto India, Tiruvadi Jagadisan, vient de déclarer que la firme avait déjà refourgué des « données scientifiques falsifiées » aux autorités indiennes pour obtenir des autorisations de mise sur le marché.
Depuis plusieurs semaines, un grand débat enflamme l’Inde. Faut-il, ou non, autoriser une aubergine génétiquement modifiée de Monsanto ? Devant le manque de données scientifiques fiables et les risques potentiellement induits par une telle culture, le gouvernement a décrété un moratoire. Ce qui n’attristera certainement pas Tiruvadi Jagadisan, 84 ans, qui a travaillé pour Monsanto pendant près de deux décennies, dont huit ans comme directeur général des opérations en Inde. Le week-end dernier, l’homme a bruyamment rallié les anti-OGM, précisant que son ancienne maison mère avait soumis « des données scientifique falsifiées » aux organismes gouvernementaux pour obtenir les autorisations de commercialisation de ses produits sur le territoire indien, rapporte India Today.
Auberg(in)e espagnole dans les OGM indiens
« Le Central Insecticide Board [organisme de sécurité sanitaire indien] était censé prendre ses décisions à partir de données spécifiques à l’Inde. Mais il s’est finalement contenté de données provenant de l’étranger, fournies par Monsanto. Ils n’ont même pas un tube à essai pour valider les données qui, parfois, ont été truquées » a déclaré l’ancien directeur, avant de continuer : « Je me suis retiré de la compagnie lorsque j’ai senti que Monsanto USA exploitait notre pays« .
Pas de démenti…
Invité à démentir l’information, un porte-parole de Monsanto a simplement répondu avoir « toute confiance dans la réglementation indienne, qui possède son système de contrôles et de mesures pour s’assurer de l’exactitude et de l’authenticité des données qui leur sont fournies« . Ce qui n’est pas en soi un démenti, tout juste un passage de patate (OGM) chaude… La firme a en outre affirmé qu’ »aucune plante biotech n’est autorisée sur le marché sans qu’elle subisse de sévères évaluations sur la sécurité des cultures« . Très sévères en effet, puisqu’en général, les autorités se contentent de lire les conclusions des études des firmes semencières, sans même chercher à les vérifier.
Et encore… les Canadiens, eux, se contentent de « s’attendre à« ce que Monsanto ait réalisé des études scientifiques… sans même chercher à se les procurer !