L’acidification des océans est beaucoup plus rapide que prévu. Conséquences : chamboulement des écosystèmes marins et diminution critique de la capacité des « puits de carbone » qu’ils constituent. 150 grands noms des sciences de la mer ont lancé un avertissement mondial lors de la « Déclaration de Monaco », rendue publique le 30 janvier.
Stupeur dans la communauté scientifique
Depuis quelques mois, les études se suivent et les scientifiques ne peuvent que constater les dégâts. Les océans s’acidifient à grande vitesse. Fin 2008, le professeur Wootton de l’Université de Chicago annonçait que ses recherches l’avaient amené à conclure que l’acidification des océans était de « 10 à 20 fois plus rapide que ce que les modèles antérieurs prévoyaient ». Une étude parmi d’autres… et à chaque fois, les chercheurs vont de surprise en surprise. La semaine dernière étaient aussi publiées les conclusions d’un groupe de chercheurs qui ont étudié une importante série de relevés de terrain dans l’océan Indien Austral. Même stupéfaction : la capacité d’absorption de CO2 a été divisée par dix en dix ans. Dans l’Atlantique Nord, elle a été réduite de 50% entre 1996 et 2005.
L’acidification des océans a deux effets : la modification des écosystèmes marins qui pourrait s’avérer profonde, et plus globalement, le ralentissement voire l’arrêt de l’absorption du CO2 atmosphérique par les eaux de surface. Or, les scientifiques pensaient jusqu’à récemment que les océans constituaient des « puits de carbone » presque inépuisables, qui permettraient pendant longtemps encore d’atténuer l’effet de l’activité humaine sur le changement climatique.
Il se pourrait donc que dans un avenir proche, les océans atteignent leur taux de saturation. Ce qui impliquerait une hausse brutale de la concentration du CO2 dans l’atmosphère, dont les conséquences sont totalement imprévisibles.
La « Déclaration de Monaco »
Plus de 150 grands noms des sciences de la mer, originaires de 26 pays, se sont donc réuni pour faire le point. Et le 30 janvier dernier, ils ont publié une déclaration commune dans laquelle ils alertent les dirigeants du monde entiers sur les dangers du phénomènes. « La chimie des océans joue un rôle si essentiel et les changements qui l’affectent sont si rapides et si graves que leurs effets sur les organismes semblent désormais inévitables », a déclaré James Orr du Laboratoire de l’environnement marin de l’AIEA (AIEA-LEM) et président du symposium.
« La question maintenant est de savoir quelle sera l’ampleur des dégâts et à quelle vitesse ils se produiront. Le rapport du symposium résume l’état des connaissances scientifiques et fixe des priorités pour les futurs travaux de recherches, tandis que la Déclaration de Monaco exhorte les dirigeants politiques à agir d’urgence pour réduire les sources du problème » a-t-il ajouté.