Panique financière contre crise alimentaire : les banques et les biftons d'abord !  - Alimentation Crise économique Famine Inégalités Pauvreté Programme alimentaire mondial (PAM)
| 19/09/2008

Panique financière contre crise alimentaire : les banques et les biftons d'abord !

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

Quelques banques se déclarent en état de faillite, et les banques centrales alignent plusieurs centaines de milliards dans les heures qui suivent. Près de 10 millions d’êtres humains meurent de faim tous les ans, pour la majorité des enfants de moins de 5 ans, mais l’urgence est ailleurs. Faillite contre famine, milliards contre… promesses.

Des milliards comme s’il en pleuvait

Que celui qui veut faire le décompte des chèques signés par les états et les banques centrales lève la main. Et bon courage… Challenges.fr se risquait mardi à annoncer un chiffre global de 200 milliards de dollars, mais Lexpansion.com, jeudi, annonçait que les seuls Etats-Unis consacraient 180 milliards de dollars pour redresser les banques et assureurs en difficulté, et 100 milliards pour la BCE. Le Japon et l’Angleterre auraient injecté respectivement 53 et 38 milliards d’euros, selon Nouvelobs.com… Tout ça en quatre jours et sans compter les 200 milliards déjà promis par les Etats-Unis pour sauver Freddie et Fannie de la noyade. Sans compter non plus ce qui a déjà été injecté depuis un an et demi. Difficilement chiffrable.

Le FMI prévoyait, il y a six mois, que la crise actuelle pourrait coûter jusqu’à 1000 milliards d’euros. Rires dans l’assistance. 2000 milliards au minimum… prix d’ami ! Les financiers, en fait, n’en savent rien, mais préfèrent aujourd’hui arrêter de minimiser, sans toutefois exagérer, selon l’un deux. Génial…

Et la crise alimentaire, dans tout ça ?

Presque 10 millions de morts tous les ans. Entre 25000 et 30000 décès tous les jours, dimanche inclus. Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait lancé pour l’année 2008 un appel initial de 2,9 milliards de dollars aux pays donateurs, dont les 36 états membres. Mais devant l’ampleur de la crise alimentaire et l’augmentation du prix des denrées, l’organisation a demandé à plusieurs reprises des rallonges d’urgence, depuis février, pour un montant global de 756 millions de dollars. Et il a fallu attendre mai pour obtenir… des promessses. Des intentions de don, pas mieux. Le PAM reste septique, puisque ces intentions restent floues. Les états ont promis, certes, mais les montants risquent d’être transférés d’autres budgets d’aide et de coopération aux pays pauvres et affectés à des opérations pas forcément des plus urgentes. Au bon vouloir des décideurs.

Jacques Diouf, directeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a exhorté ce mercredi les pays membres de l’ONU à augmenter la production agricole mondiale pour faire face à la crise alimentaire mondiale. 75 millions de personnes supplémentaires souffrent de la faim, depuis le début de la crise. Un détail ? Il faudrait consacrer 30 milliards de dollars de plus tous les ans pour assurer à très long terme (2050) le droit de l’homme le plus élémentaire : ne pas mourir de faim. Malheureusement, le dernier G8 s’est réuni en juillet, et rien ne s’est passé. Rien, absolument rien !

Et pendant ce temps là… les producteurs d’agro-carburants et les agro-spéculateurs continuent continuent de faire monter les prix des denrées alimentaires.

Moralité ? Si la fin justifie les moyens, on a rarement les moyens quand on a faim ! Ils n’ont qu’à emprunter les pauvres…

 

(Sources parmi tant d’autres : lesmotsontunsens.com, nouvelobs.com, re-nouvelobs.com, challenges.fr, lexpansion.com)