Quelques brefs passages d’une oeuvre de Victor Hugo…
Mensonge et manipulation… « Cet homme ment comme les autres respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde ; il affirme, méfiez-vous ; il vous fait un serment, tremblez ! Machiavel a fait des petits. (Il) en est un. Annoncer une énormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l’on se rassure et où l’on rit de l’énormité en question, l’exécuter. »
Réussite et ouverture… « (Il) a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que la honte. »
Pouvoir et copinage… « Comment ! On a des besoins, on n’a pas d’argent, on est prince, le hasard vous met le pouvoir dans les mains, on en use, on autorise des loteries, on fait exposer des lingots d’or (…), la poche de tout le monde s’ouvre, on en tire ce qu’on peut, on en donne à ses amis, à des compagnons dévoués auxquels on doit de la reconnaissance, et comme il arrive un moment où l’indiscrétion publique se mêle de la chose, où cette infâme liberté de la presse veut percer le mystère et où la justice s’imagine que cela la regarde il faudrait quitter l’Elysée, sortir du pouvoir et aller stupidement s’asseoir entre deux gendarmes. Allons donc ! Est-ce qu’il ne serait pas plus simple de s’asseoir sur le trône de l’empereur ? »
Civilisation… « Cet homme pèse sur l’époque entière, il défigure (ce) siècle, et il y aura peut-être dans ce siècle, deux ou trois années sur lesquelles, à je ne sais quelle trace ignoble, on reconnaîtra qu'(il) s’est assis là. »
Puissance et religion… « Dieu marchait et allait devant lui. (Lui), panache en tête, s’est mis en travers de sa route et a dit à Dieu : Tu n’iras pas plus loin ! Dieu s’est arrêté ».
La presse… « Ses paroles étant naturellement obscènes, défense aux journaux d’y faire la moindre allusion (…) Tout le décret de la presse peut se résumer en une ligne : je permets que tu parles mais j’exige que tu te taises. »
Sondages et décadence… « L’homme une fois déshabillé du succès, le piédestal ôté, la poussière tombée, le clinquant et l’oripeau et le grand sabre détachés, le pauvre petit squelette mis à nu et grelottant, peut-on s’imaginer rien de plus chétif et de plus piteux ? »
Prophétie… « Ce peuple est bon et honnête. Il comprendra. Oui, paysan, ils sont deux, le grand et le petit, l’illustre et l’infâme, Napoléon et Naboléon !«
Victor Hugo a connu Nicolas Sarkozy ? Non, il ne s’agit là que de quelques phrases piquées de son oeuvre « Napoléon Le Petit ». On s’y croirait…
Napoléon III, affublé du sobriquet « Napoléon le Petit », est le premier président de la France, élu en 1848. Suite au coup d’Etat de 1851, et la restauration de l’Empire, il sera aussi son dernier monarque. Le coup d’Etat a laissé quelques centaines de victimes sur le pavé, transformant une république présidentielle en empire autoritaire. Plusieurs milliers d’opposants furent envoyés au bagne. Poussé par le comité des forges, ancêtre du MEDEF, il s’engagea dans une guerre contre la Prusse. La France fut défaite et cet épisode fut à l’origine, une trentaine d’années plus tard… de la première guerre mondiale ! Sincères félicitations. Anecdote croustillante, il se maria pendant son règne en 1853.
Ce qui n’empêche pas Christian Estrosi de déclarer au Figaro : « C’était un visionnaire qui a permis à son pays d’entrer dans l’ère industrielle en moins de vingt ans. Un socialiste avant l’heure, en soutenant les ouvriers, en ouvrant des écoles pour les enfants des classes défavorisées, en particulier pour les filles, ce qui n’était pas courant à cette époque. Libéral, il a aidé au développement économique de la France, par ses idées… »
Sarkozy, sa Cour, et l’Histoire… Ça fait deux, mais surtout, ça fait peur !