Logiciel espion : La Chine rattrape son retard sur la France...  - Censure Chine Gouvernement Internet
| 09/06/2009

Logiciel espion : La Chine rattrape son retard sur la France…

Image d’illustration © 704417|Pixabay|CC0 or Pixabay

En retard d’un logiciel espion sur la France, la Chine contre-attaque et envisage de livrer un mouchard avec chaque ordinateur vendu. Ce module optionnel mais fortement recommandé (comme pour l’Hadopi) est officiellement conçu pour lutter contre la pédopornographie (comme pour la Loppsi). Réplique immédiate de la France : la mise en place imminente d’un filtrage global d’Internet. Aïe…

Aujourd’hui, la Chine dispose déjà d’un vaste système de filtrage de l’Internet, appelé le « Grand Firewall ». Celui-ci bloque l’accès à une large gamme de contenus allant de la pornographie à des sites politiquement sensibles. Mais ce système de blocage global est contourné par un nombre croissant d’utilisateurs et le gouvernement propose donc de passer la vitesse supérieure en faisant livrer un logiciel espion (au doux nom de Green Dam-Youth Escort) sur chaque ordinateur vendu, dès le mois de juillet prochain. Cet outil s’apparente, selon son concepteur, à un simple logiciel de contrôle parental, dont seul l’Etat pourra définir la liste des sites interdits qui sera gardée secrète. Ce qui offrirait, aux dires du New-York Times à l’origine de l’info, un « contrôle sans précédent » de la « censure gouvernementale » sur les internautes chinois. Ah ?

Filtrage global

Pourtant, à y regarder de plus près, la Chine n’a pas grand chose à envier à la France (ou inversement). Elle possède, certes, un temps d’avance au niveau du filtrage global, mais la LOPPSI arrive. Et le président d’honneur du Club français des entrepreneurs des télécommunications, Jean-Michel Planche, n’en mène pas large : il craint purement et simplement que les fournisseurs d’accès à Internet se retrouvent contraints, dans les prochains mois, de filtrer une partie du Web sur simple demande du gouvernement… sans contrôle ni contrepouvoir. Nicolas Sarkozy l’a d’ailleurs annoncé à plusieurs reprises, il « souhaite que les fournisseurs d’accès bloquent les sites pédopornographiques et illégaux [lesquels seraient] recensés sur une liste noire » tenue secrète.

Logiciel espion

Question logiciel espion, en France comme en Chine, le module sera optionnel, quoique fortement recommandé et sa non-installation pourra même aboutir à des sanctions… en France. Cette application sera gratuite en Chine (au moins pour la première année) et payante en France. Dans les deux cas, le mode de fonctionnement du mouchard restera confidentiel : enverra-t-il, par exemple, des informations sensibles et personnelles sur des sites gouvernementaux ? Peut-être ou peut-être pas, nul ne sait et nul ne pourra légalement savoir. La France peut se vanter d’être en avance sur un autre point : le mouchard hexagonal ne se contentera pas de surveiller la navigation Internet, il se permettra aussi de lire les mails, d’écouter les conversations téléphoniques ou les messageries instantanées. Bref, toutes les « communications électroniques ». Mauvais point pour la France, le logiciel espion chinois permettra de bloquer l’accès à certains contenus, quand le frenchy ne fera que dénoncer à l’HADOPI les activités illicites au regard du droit d’auteur. Petit joueur…

Alors… la France, c’est la Chine ?

Filtrage global et logiciel espion, en Chine comme en France. L’objectif avoué est le même dans les deux cas : lutter contre la cybercriminalité, et notamment la pédopornographie. Alors… ? Alors, la France n’est pas la Chine, nous sommes encore en démocratie, et nous avons encore le droit de nous exprimer. La preuve. Il n’empêche qu’après la mise en place d’un tel arsenal de filtrage massif et arbitraire, qui pourra encore en être sûr ? Imaginons un instant que, solidement assis sur notre nouveau régime pseudo-présidentiel, un chef d’Etat pète un boulon… Il lui sera possible, en quelques instants et sans chinoiserie, d’interdire un site hébergeant un commentaire désobligeant pour tel ou telle ministre. Au nom de la cybercriminalité… Le seul contrepouvoir serait alors la presse et… les blogs.