Hourra ! Cocorico ! Les banques françaises sortent indemnes des stress-tests ! La presse hexagonale est en émoi, la larme à l’œil. Sauf que…
L’objectif des tests de résistance pratiqués par la Banque centrale européenne (BCE) est de s’assurer que les établissements bancaires sont assez solides pour faire face à une récession accompagnée d’une crise financière et d’une chute des prix de l’immobilier. Exemple en 2011 : au mois de juillet, Dexia passait ces tests haut la main, pour s’écrouler à peine trois mois plus tard. Un sauvetage d’urgence de 7 à 8 milliards d’euros fut nécessaire. Une broutille. Les tests de 2010 furent aussi pertinents, et c’est l’Anglo Irish Banks (AIB) qui se rétamait en beauté quelques semaines plus tard, à la surprise générale. Pas franchement rassurant. Mais cette fois-ci, promis-juré, c’est fini. On ne l’y reprendra plus ! Les hypothèses prises en compte par la BCE ont été tellement radicales qu’aucune banque bancale ne pourra échapper à sa vigilance. Attention les yeux, accrochez vos ceintures…
Dépêchez-vous d’en rire avant d’être contraint d’en pleurer…
Concernant le taux de chômage de notre beau pays, la BCE a concoté un scénario ébouriffant : 12,2 % en 2016. Comme en janvier 1994 ou janvier 1997. Et bien en deçà des sommets atteints en Espagne et en Italie. Pour un scénario noir, on a déjà vu mieux. La BCE considère en outre qu’une déflation de 0,3% en 2016 serait apocalyptique. On pouffe. Mais le plus fort est à venir : dans le pire des cas imaginé par nos huiles européennes, le CAC 40 est attendu en baisse de 20% sur un an. Affreux, abominable, du jamais vu ! Sauf en 1990 (-23 %), en 2001 (-22%), en 2002 (-34%) et en 2008 (-43%). Et on continue : la récession désastreuse échafaudée par la BCE atteindrait -0,4 % en 2014 et -1,1 % en 2015. Bien loin du -2.6% de 2009. Respirez un peu avant de continuer, car le meilleur est pour la fin : le choc le plus monstrueux prévu par la BCE concerne les taux d’emprunt d’Etat à 10 ans, qui pourraient atteindre les 3.8% en France. On frissonne, avant de se reprendre. Sur les périodes 2007-2009 et 2000-2002, ce taux avait déjà dépassé les 4% (avec un pic à 5.8%). L’Italie, l’Espagne et plusieurs autres pays ont été testés à des taux largement inférieurs à ceux qu’ils ont connus durant les trois dernières années.
Pour tester l’effet d’un typhon sur une maison, la BCE a utilisé les données d’un petit orage.
La citation du jour : « Qui prête à rire n’est pas sûr d’être remboursé » [Raymond Devos]. Ce qui est évidemment faux… dans le monde financier !
[Sources : https://www.eba.europa.eu, http://www.eba.europa.eu]